N° 88

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N° 88
BIoTEcH•INFo
www.biotech-actu.com
LA LETTRE DES BIOTECHNOLOGIES
A N A LY S E
NUMÉRO 88 - 11 AVRIL 2001
ACTUALITÉS
Gencell va sortir d’Aventis Pharma
Gencell
Dans le cadre de la réorganisation de sa recherche en France, Aventis Pharma (Francfort,
suscite des
Allemagne) veut accorder une autonomie juridique à Gencell, son unité de thérapie génique.
prévoit de conserver environ 20 % du capital de la société, qui compte aujourd’hui
interrogations Aventis
près de 200 personnes en France et aux Etats-Unis. « Le portefeuille de Gencell est en cours
La filiale d’Aventis va
devenir autonome.
Mais les modalités de
ce changement et ses
chances de réussite
restent floues.
L
e groupe Aventis aura
mis près d’un an et
demi après sa fusion
fondatrice pour décider
du sort de Gencell, sa division spécialisée dans la
thérapie génique. Résultat : il lui donne son indépendance, dans le cadre
d’une réorganisation de
la recherche pharmaceutique en France. Le groupe
part du point de vue suivant : arrivée à maturité,
la filiale sera ainsi libre
de s’associer à d’autres
partenaires, même si
Aventis garde une « collaboration majeure » avec
l’entreprise, sur un produit
proche de la phase II.
Ce faisant, il prend le
contre-pied de BioMérieux-Pierre Fabre, qui a
préféré resserrer ses liens
avec Transgene, dont la
spécialisation en oncologie a récemment été
rendue publique.
Ces deux annonces, par
leur coïncidence de dates,
incitent aux comparaisons.
Mais elles seront difficiles,
car les travaux de Gencell
sont peu connus. On sait
que cette entité, grassement financée depuis sa
création en 1994, fonctionne en réseau, qu’elle
collabore avec des centres
de recherche renommés,
qu’elle travaillera sur
l’angiogenèse et dispoSUITE P.2
sera de vec-
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de constitution, pour établir un business plan, précise François Meyer, directeur général,
responsable de la R&D France d’Aventis Pharma et responsable monde de Gencell. L’objectif
est de créer une plate-forme autour de l’angiogenèse, qui se focalisera sur les maladies
cardio-vasculaires et artérielles, et l’oncologie. Gencell se concentrera principalement sur
les vecteurs plasmidiques. Sa raison d’être sera de générer des produits. » L’entreprise
disposera toutefois d’une molécule, qui entrera en phase II d’ici à la fin de l’année, dans
le traitement d’une maladie artérielle, et sera développée en partenariat avec Aventis.
Parallèlement, le groupe va injecter 20 millions de dollars dans la société Introgen,
augmentant ainsi sa participation de 18 % à 28 % environ. L’américain, qui développe
des produits de thérapie génique basés sur le gène p53 en collaboration avec Gencell,
se chargera du développement et de la commercialisation du médicament INGN 201,
actuellement en phase III dans les cancers de la tête et du cou. Aventis Pharma va également
redéployer ses équipes sur ses cinq sites de R&D situés dans la région parisienne
(2 500 personnes), pour regrouper les compétences par domaines thérapeutiques.
Myriad lance un joint-venture pour le protéome
Myriad Genetics (Salt Lake City, Utah), l’éditeur de logiciels Oracle (Redwood Shores,
Californie) et la filiale médicale du fabricant d’électronique japonais Hitachi (Tokyo, Japon)
viennent de créer un joint-venture afin d’identifier l’ensemble du protéome humain d’ici
à 2004. Un projet doté d’une enveloppe initiale de 185 millions de dollars. Myriad investira
82 millions de dollars. Ses partenaires, associés à l’investisseur suisse Peter Friedli, compléteront
l’enveloppe. La coentreprise, nommée Myriad Proteomics, disposera d’outils de bio-informatique
et de deux technologies propres pour faire la cartographie des protéines : ProNet, basée sur
un système de double hybride, et ProSpec, pour faire de la spectrométrie de masse. L’annonce
de ce défi de Myriad intervient au moment où les membres du consortium Hupo (Human
Proteom Project) se retrouvent aux Etats-Unis pour élire leur président et discuter des
modalités d’organisation. De fait, le projet Hupo, qui regroupe des structures de recherche
publique (Scripps Research Institute aux Etats-Unis, Imperial College of Medicines de Londres,
en Grande-Bretagne…) et des sociétés privées (Celera Genomics, Roche), présente encore des
contours incertains. Mais les délais du joint-venture de Myriad semblent aussi très ambitieux.
« Il sera difficile d’avoir la description d’un univers complet, analyse Pierre Legrain, directeur
scientifique d’Hybrigenics. Comparé à Hugo (Human Genome Organisation), Hupo est
d’une complexité sans commune mesure. C’est pourquoi, plus probablement, ajoute-t-il,
nous aurons des résultats en travaillant de manière ciblée par questions biologiques. »
Cardion acquiert Tolerance Pharmaceuticals
La société Cardion (Erkrath, Allemagne) vient de mettre la main sur Tolerance Pharmaceuticals
(Boston, Massachusetts). Cette acquisition, dont le montant n’a pas été communiqué, fournit
à Cardion – issu de la récente fusion entre l’allemand Cardiogene et l’américain Intracardia –
une plate-forme dédiée à l’immunothérapie. Les produits issus de cette technologie agissent
via la voie de l’Interleukine 15 (Il-15) afin de reprogrammer le système immunitaire lors
des greffes et des maladies auto-immunes. Cardion, qui a récemment effectué un tour
de table de 42,4 millions d’euros, devrait ainsi renforcer son pipeline de molécules.
Trois domaines sont visés par l’entreprise : l’immunothérapie, les dérivés thérapeutiques
des cellules souches et la thérapie génique dans les maladies cardio-vasculaires. Pour
l’heure, la société dispose de la Nostentine, un traitement de la resténose (rétrécissement
des artères) actuellement en essais cliniques de phase I, et de la Cardioprotectin, qui permet
la régénération du tissu cardiaque après un infarctus du myocarde.
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EN BREF
La société française
Exonhit Therapeutics
a signé un accord de
collaboration avec
l’Institut Curie. Objectif :
valider les signatures
génétiques de Proof-Hit,
une biopuce destinée au
diagnostic et au pronostic
du cancer. L’Institut Curie
coordonnera les essais
cliniques de cette étude
qui ciblera le cancer
du sein.
La société britannique
Oxford GlycoSciences et
l’Institut de Biologie des
systèmes, aux Etats-Unis,
ont signé une collaboration
d’une durée de 5 ans afin
de mettre au point une
plate-forme industrielle
d’identification des
protéines. Ils utiliseront
à cette fin la méthode
ICAT (Isotope Coded
Affinity Tag) développée
par les américains.
La société néerlandaise
Amsterdam Molecular
Therapeutics (AMT) vient
de signer un accord de
licence avec le Deutsches
Krebsforchungszentrum.
AMT utilisera la technologie de vecteurs viraux
adéno-associés (AAV)
de l’allemand pour
développer des produits
de thérapie génique.
Le britannique Diversys
vient de signer un accord
de recherche avec l’australien Peptech. Diversys
développera des anticorps
contre quatre cibles
identifiées par son
partenaire. Selon
les modalités de cet
accord, Peptech injectera
17 millions de dollars dans
le capital de Diversys.
L’association Pharmaceutical Research and
Manufacturers of America
(PhRMA) vient de recenser
402 agents anticancéreux
dans les pipelines
des entreprises de
biopharmacie et de
biotechnologie. Un chiffre
qui a doublé en six ans.
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ACTUALITÉS
DrugAbuse lève 27 millions d’euros
La société DrugAbuse Sciences (Los Altos, Californie) vient de réaliser un nouveau
tour de table auprès d’investisseurs internationaux. La levée de fonds de 27 millions
d’euros a réuni, en sus des investisseurs historiques européens – CDC, Financière
de Brienne, ACE – des partenaires américains, dont le chef de fil de la transaction,
Canaan Partners. L’augmentation de capital de la société, spécialisée dans
le développement de médicaments destinés au traitement des addictions, était
initialement prévue au mois d’octobre dernier, via une introduction en Bourse.
« Le climat financier défavorable », explique Philippe Pouletty, président de
la société, a conduit l’entreprise à opter pour des investisseurs privés. « Nous ferons
cette introduction à un stade de maturité plus important », précise-t-il. Pour
l’heure, ce tour de table financera la R&D sur trois médicaments et « une partie
des fonds devrait aussi permettre le lancement commercial de Naltrel », indique
le dirigeant. Actuellement en phase III des essais cliniques, Naltrel est un produit
injectable qui assure une délivrance continue de la Naltrexone, une molécule pour
traiter l’alcoolisme et la dépendance à l’héroïne. La demande de mise sur le marché
du médicament est attendue pour la fin 2001. D’autre part, DAS-43, un composé
destiné à la prévention des rechutes des cocaïnomanes, entre en essais cliniques
de phase IIb tandis que COC-AB, pour traiter les overdoses dues à cette même
drogue, devrait prochainement être testé sur l’homme. Enfin, et à plus long terme,
DrugAbuse entend mettre en place une étude de génotypage afin d’identifier
les facteurs génétiques liés à ce type de dépendances.
Cambridge BioScience se lance
dans la recherche
Le distributeur Cambridge BioScience (Cambridge, Royaume-Uni), spécialisé dans
la distribution de produits comme les sondes moléculaires, souhaite désormais
s’orienter vers une activité de recherche. A l’occasion, il va également changer
de nom et deviendra Cytomix. La société va se consacrer à la découverte et
la validation de cibles sur des systèmes cellulaires. Cytomyx se propose, entre
autres, d’étudier l’expression des profils génétiques dans des tissus et des lignées
cellulaires. Outre des collaborations avec les entreprises de biopharmacie et
de biotechnologie sur des offres de services pour les étapes précoces du processus
de découverte de médicaments, la société entend mettre à profit sa recherche
pour développer des programmes en interne. Ce nouveau baptême a été l’occasion,
pour Cytomyx, de recruter comme conseiller William Mason, qui s’est notamment
fait connaître comme conseiller ou directeur de Cytocell, Kalibrant, Vision
Resources, Biotrin Holdings, et reste membre du Cambridge Gateway Fund.
A N A LY S E S U I T E
(SUITE DE LA PAGE 1)
Gencell suscite des interrogations
teurs propres. Mais c’est peu. Il manque
notamment une donnée cruciale : de
combien de programmes va-t-elle disposer ? François Meyer, son dirigeant
(voir page 1), refuse de donner des précisions avant que la constitution de
l’entreprise ne soit bouclée. Pour
Bernard Gilly, ex-P-DG de Transgene,
aujourd’hui chez Sofinnova : « S’ils ont
une molécule qui entre en phase II, ils
ont été d’une discrétion peu commune
sur ce produit-là ! » Et d’ajouter, dubitatif : « Aventis aura beaucoup de mal
à concevoir et réussir ce spin-off. Car
Gencell a toujours refusé la logique des
entreprises de biotechnologie, qui
dépendent des marchés. »
En revanche, Introgen, partenaire américain de Gencell depuis ses débuts,
pourrait sortir renforcé du remaniement
déclenché par Aventis. Il hérite en effet
du projet le plus avancé, INGN 201, en
phase III dans le traitement des cancers
de la tête et du cou, ainsi que des
autres produits utilisant le gène p53.
Introgen mise sur une commercialisation rapide d’INGN 201, même si le
contentieux avec Schering-Plough
(qui travaille avec Transgene) sur la
propriété intellectuelle du gène p53
n’est toujours pas réglé. Aventis investira 20 millions de dollars supplémentaires dans l’entreprise et, de son côté,
Introgen pourra prendre jusqu’à 5 %
du capital du nouveau Gencell. Les
raisons de cette construction ne sont
pas claires mais il faudra attendre
qu’Aventis statue précisément sur les
contours de Gencell pour les rendre
CHRISTINE TACONNET
plus lisibles. ■
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SOCIÉTÉ ÉMERGENTE
EN BREF
Sedac Therapeutics:
sérodiagnostic et vaccin
Cette start-up lilloise produit des peptides synthétiques pour
le diagnostic et le développement de vaccins. Elle vient de boucler,
avec succès, son deuxième tour de table.
«
E
n dix-huit mois, nous sommes
devenus un des leaders mondiaux dans la production de
vaccins synthétiques », affirme Ahmed
Bouzidi, le P-DG de Sedac Therapeutics.
Pour saluer ce succès, la jeune entreprise lilloise vient de conclure un
deuxième tour de table de 25 millions
de francs auprès de fonds d’investissement suisses.
L’aventure a commencé dans les laboratoires de l’Institut de biologie de Lille
(IBL). L’immunologiste Claude Auriault
et Hélène Gras-Masse, figure de proue
du département de recherche sur les biomolécules, mènent depuis plusieurs
années des recherches sur les peptides
de synthèse. Ces travaux aboutissent à
une méthode originale de conception de
peptides appelée Convertope, protégée
par six brevets en copropriété avec le
CNRS et l’Institut Pasteur de Lille. En
1999, les chercheurs décident alors de
créer leur propre société afin de « suivre
l’évolution de notre concept jusqu’au
stade industriel, en définissant nousmêmes les priorités », explique Claude
Auriault, devenu président de l’IBL en
janvier 2000. Ils font appel à Ahmed
Bouzidi, alors consultant en développement pharmaceutique en Suisse, pour
prendre la tête de la société.
Sida et hépatite C
pose d’un potentiel de R&D de 110 personnes grâce à des contrats de recherche
avec les laboratoires de l’IBL, de l’Institut Pasteur de Lille et le CEA.
Sedac travaille par ailleurs à une méthode
de délivrance pour ses peptides qui
consiste à leur ajouter une queue lipidique, démarche initiée il y a quelques
années par la société Epimmune (San
Diego, Californie). « Nous sommes en
train de finaliser un accord de partenariat
autour de nos lipopeptides de seconde
génération avec Biovector Therapeutics
[Labège, Haute-Garonne] », précise
Ahmed Bouzidi. Enfin, la start-up développe des glycomimétiques, des analogues de sucre, qui permettent de cibler
des populations cellulaires comme les
cellules dendritiques. Mais, une des
fiertés d’Ahmed Bouzidi, c’est de participer au programme européen contre
la malaria : « En tant qu’expert pharmaceutique, je suis le coordinateur
de ce programme. Mais, un contrat
entre l’Union européenne et Sedac fait
aussi de notre société le chef de file de
ce programme. »
« Aujourd’hui, Sedac est valorisée à près
de 100 millions de francs. Nous visons
une double introduction en Bourse
[Nasdaq et Easdaq] pour 2004 », déclare
Ahmed Bouzidi. Pour l’instant, après la
création d’une filiale en Chine, la société
finalise la naissance de Sedac US. ■
EMILIE GILLET
La méthode Convertope consiste à modifier de façon dirigée les séquences peptidiques originelles pour en améliorer les
propriétés de présentation. Cela permet
de réaliser des tests de diagnostics d’une
grande fiabilité. Mais aussi d’accroître
la réponse immunitaire de l’organisme
avec des vaccins de nouvelle génération.
D’où les deux premiers axes de R&D
retenus par les trois fondateurs de Sedac :
la mise au point de test de sérodiagnostic
pour les maladies infectieuses d’origine
virale (sida, hépatite C) ou parasitaire
(paludisme), et la conception de vaccins
synthétiques. « Aujourd’hui, nous sommes
en phase préclinique pour le sida et
l’hépatite C. Nous souhaitons amener
nos préparations jusqu’en phase II.
Ensuite des partenaires devraient prendre
le relais », confie Ahmed Bouzidi. Pour
le développement de ses produits, la
société lilloise possède un atout de taille :
en plus de ses quinze salariés, elle dis-
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FICHE D’IDENTITÉ
LIEU : Lille (Nord).
SPÉCIALITÉ : production d’antigènes,
de lipopeptides et de glycomimétiques
de synthèse.
CRÉATION : octobre 1999.
FINANCEMENT : 29 millions de francs auprès
de fonds d’amorçage régionaux, Pasteur
Lille, le CNRS et quatre business angels
suisses, puis 25 millions auprès de fonds
d’investissement suisses.
EFFECTIF : 20 personnes.
CHIFFRE D’AFFAIRES : 2 millions
de francs en 2000
CONTACT : Ahmed Bouzidi, P-DG
Tél. : 03.20.87.11.14
E-mail : ahmed.bouzidi@sedac
-therapeutics.com
L’allemand Lion Bioscience
vient de licencier 20 %
du personnel (soit 25 personnes) de Trega Biosciences, à San Diego, une
société de biotechnologie
californienne qu’il vient de
racheter le mois dernier.
L’américain Corixa va
pouvoir accélérer son
programme de recherche
et développement de
traitements et de vaccins
contre l’acné. Son partenaire Genset a déterminé
l’ordre précis d’environ
2,8 millions de paires
de bases du génome
de l’agent microbien
(propionibacterium acnes)
impliqué dans ce trouble
de la peau.
Le canadien Biomira
reprend la main sur un
programme de vaccin
contre le lymphome
folliculaire, jusqu’ici codéveloppé avec la société
toulousaine Biovector
Therapeutics. Biomira en
assurera seul la poursuite.
L’israélien Compugen
fournira sa base de données Gencarta, qui inclut
plus de 150 000 fragments
d’ADN annotés avec les
protéines correspondantes,
à l’américain Avalon.
Ce dernier l’utilisera pour
développer des produits
thérapeutiques et des
outils de diagnostic.
La société canadienne de
génomique clinique Xenon
Genetics a levé 45 millions
de dollars auprès de
plusieurs investisseurs
internationaux. Ces fonds
serviront à agrandir ses
laboratoires de Montréal
et Vancouver et
à poursuivre son
programme de recherche
de médicaments.
Le danois Genmab, l’américain Medarex et Glaucus
Proteomics vont collaborer
pour développer de nouveaux anticorps thérapeutiques contre des cibles
identifiées par ce dernier.
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BOURSE
ALLOS
(ALTH ; + 26 %)
Le RSR-13 d’ALTH, en phase II, est
une petite molécule qui facilite la
libération de l’oxygène porté par
l’hémoglobine, pour augmenter
l’efficacité de la radiothérapie.
Injectée juste avant la radiothérapie des métastases cérébrales,
elle a fait baisser de 37 % à 9 %
le nombre de décès liés à la
progression de la maladie.
Une phase III dans les gliomes
va commencer. Les résultats sur
le cancer du poumon vont être
présentés en mai à la réunion
de l’Asco (American Society
of Clinical Oncology).
■
CYTRX CORP
(CYTR ; + 20 %)
Le vaccin thérapeutique contre le
VIH de Merck (en phase I), dont
les résultats remarquables chez le
primate viennent d’être présentés,
utilise le gène « gag » du virus,
porté par un vecteur (le CRL-1005)
que CYTR a fourni. Il réduit considérablement la sévérité de l’infection chez le primate, diminuant
le taux de progression vers le sida
déclaré, ainsi que la mortalité. Il
abaisse la charge virale et induit
une immunité cellulaire importante.
Le CRL est constitué de polymères
qui accroissent la transfection et
sont des adjuvants immunogènes.
■
CERNER
(CERN ; - 35 %)
Spécialisé dans la réduction des
coûts de santé, CERN a pour clients
les hôpitaux et les assureurs. Son
P-DG, voulant appliquer ses techniques à sa propre entreprise, a
informé ses salariés que la présence permanente de leur voiture
sur le parking serait vérifiée de
7 h 30 à 18 heures, pour contrôler
leur assiduité. Ils ont riposté à
leur tour sur les sites « messages »
et « chat » de Yahoo. Le « New York
Times » s’en est fait l’écho.
■
COLLATERAL THERAPEUTICS
(CLTX ; - 62 %)
CLTX développe, avec le groupe
allemand Schering, une thérapie
de l’angor d’effort grâce au gène
de FGF 4 (Fibroblast Growth factor),
véhiculé par un adénovirus et
administré grâce à un cathéter
coronarien. La phase I/II chez
79 patients, en double aveugle,
montre une amélioration non
significative à l’effort. Les investisseurs, analysant les comptes d’exploitation, se sont aperçus que
les pertes par action de CLTX ont
doublé, car Schering a fortement
réduit sa contribution financière.
■
N.B. : En raison de la volatilité
des cours, nous avons utilisé
les variations sur un mois.
RUBRIQUE ANIMÉE PAR TONY MARCEL
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ACTUALITÉS
Le budget de l’Anvar
augmente encore
Tous domaines confondus, 3 240 projets d’aides à l’innovation
ont été financés l’an dernier par l’Anvar, pour un montant total
de 217,18 millions d’euros, contre 213 millions en 1999.
Cette progression devrait se poursuivre cette année, puisque
le budget prévisionnel 2001 de l’Agence s’élève à 224,8 millions
d’euros. L’Anvar a financé l’an dernier 1 377 projets et/ou études
de faisabilité et 1 047 recrutements pour l’innovation (chercheurs,
ingénieurs…). Par ailleurs, au total, 1 202 créations d’entreprises
ont été soutenues. L’information et la communication représentent
le premier secteur aidé l’an dernier (il était second en 1999) :
il a bénéficié au total de 753 aides, pour 64,3 millions d’euros.
Les sciences de la vie se placent juste après, avec 667 aides, pour
56,6 millions d’euros. Le secteur pharmaceutique a vu l’an dernier
le nombre des aides doubler et le biomédical a progressé de 40%.
Les inégalités entre les régions se sont encore maintenues en 2000:
au total, 504 projets ont été aidés en Ile-de-France et 419 dans la
région Rhône-Alpes, 207 dans le Pays de Loire, 203 dans la région
Provence-Alpes-Côte-d’Azur et 200 en Nord-Pas-de-Calais.
Le point sur le Comité consultatif
du développement technologique
A l’occasion de la première réunion des nouveaux membres
du Comité consultatif du développement technologique (CCDT),
le ministre de la Recherche Roger-Gérard Schwartzenberg a fait
le point sur la mission du CCDT qui existe maintenant depuis deux
ans. « L’existence de ce comité traduit notre volonté de donner
toute sa place à l’innovation et au partenariat technologique sur
la base d’une recherche fondamentale forte », rappelle le ministre.
Il souhaite par ailleurs que, dans le cadre de partenariats avec
l’industrie, une politique de propriété intellectuelle puisse se
généraliser dans la recherche publique. Ainsi, les 31 incubateurs
existants devraient accueillir près de 900 projets de création
d’entreprises d’ici à deux ans. Le CCDT rappelle l’existence de cinq
fonds d’amorçage nationaux (dont BioAM) et cinq régionaux,
qui devraient lever prochainement 900 millions de francs de capitaux.
Enfin, Anne Lauvergeon, présidente de la Cogema, vient d’être
nommée à la présidence du jury pour le concours national d’aide à
la création d’entreprises technologiques innovantes, dont la dotation
globale pour 2001 est de 200 millions de francs.
ILS BOUGENT
COMPUGEN
VINCENT ZURAWSKI vient
d’être recruté au poste
de directeur des opérations
du secteur Grande-Bretagne
de la société israélienne.
Il y est entré après avoir
été directeur de la recherche,
des affaires et du
développement, ainsi que
responsable de la propriété
intellectuelle, à l’université
de médecine de Pennsylvanie.
Il a aussi été cofondateur
du groupe de biopharmacie
Centocor ainsi que fondateur,
président et P-DG de la société
Apollon.
■
AVENTIS CROPSCIENCE
Le groupe de phytoprotection et
de production des cultures vient
de nommer JULIEN VERLEY au
poste de responsable de l’activité
Biosciences. Son rôle sera de
mettre en place une organisation
mondiale pour les activités
opérationnelles, la recherche et
le développement. Il est en outre
membre du comité exécutif.
Avant d’être responsable financier corporate et responsable
du département fusions et
acquisitions chez Aventis,
il a occupé différents postes
financiers chez Euris, Moulinex
et Rhône-Poulenc.
■
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RENCONTRE
Salomon Langer prédit «la mort des sociétés
de bio-informatique» dans cinq ans
Le vice-président «biologie moléculaire et découverte de médicaments» de l’israélien
Compugen participe activement au virage de l’ancienne star de la bio-informatique.
« Biotech-Info » : Depuis la consécration de Compugen sur le secteur
bio-informatique, quelle est l’évolution de la société ?
Salomon Langer : Nos efforts se sont
d’abord concentrés sur la plate-forme
de bio-informatique Leads, qui permet
l’analyse et la classification des gènes
ainsi que la caractérisation des variants
d’épissage. L’épissage multiplie la
diversité dans la traduction de l’ADN.
Car un seul gène peut coder de 8 à
10 protéines, selon le nombre d’exons
retenus ou éliminés. Aujourd’hui, avec
le séquençage du génome humain, on
sait que 30 à 40 % de nos gènes
possèdent des variants d’épissage.
Leads permet de prédire, grâce à des
algorithmes perfectionnés, la présence,
la formation et la caractéristique de
ces variants. Le mois dernier, lors de
la « Genome Tri-Conference » à San
Francisco, nous avons aussi lancé
Gencarta. [Cette base de données sur
le génome annoté, le transcriptome
et le protéome est à l’origine d’un
nouvel accord avec l’américain Avalon Pharmaceuticals].
Voilà trois ans, nous avons commencé
à mettre en place un laboratoire de biologie moléculaire pour vérifier les prédictions informatiques. Nous recrutons
donc des biologistes. Ils sont aujourd’hui vingt-cinq. Et nous sommes déjà
à plus de 90 % de nos prédictions
vérifiées et confirmées par clonage et
expression des gènes. Il y a neuf mois,
nous avons aussi mis sur pied la division Novel Genomics, dont je suis le
président. Nous faisons désormais nos
propres recherches. Le premier outil
protéomique de Compugen est Z3.
C’est un système automatisé pour analyser les protéines comme elles apparaissent sur les gels 2D et pour la
séparation des complexes protéiques.
Après seulement 90 jours de vente,
Z3 a été acheté par un groupe impressionnant de sociétés dont Pfizer,
Genentech, Aventis, Procter et
Gamble… La division Novel Genomics
se consacre à la génomique et à la
protéomique liée à l’industrie pharmaceutique. C’est un futur spin-off.
Cette idée avait été initialement
développée pour rendre plus attractive
la présentation de la société au
Nasdaq. Je ne suis pas un fanatique
des spin-off mais c’est finalement resté.
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Ce n’est pas une mauvaise idée. En
août 2000, nous avons réussi notre
entrée en Bourse, plus tôt que prévu et
malgré un contexte difficile à l’époque.
Nous avons convaincu les investisseurs avec notre flexibilité à changer
de projets. Autre nouvelle orientation :
les puces à ADN. Dans ce cadre, nous
avons signé un accord avec Motorola
et Pfizer, en novembre dernier. Et
dans l’année, nous allons mettre sur
pied une unité de production de protéines. L’idée est de produire, en quantité modeste, les protéines de nos
gènes les plus intéressants.
« B-I » : Compugen a donc réalisé un
véritable virage stratégique, de la
bio-informatique vers la génomique
et la protéomique…
S. L. : Nous avons des accords de
recherche universitaire pour la détermination de structure de protéines.
Par exemple, avec la San Francisco
Medical School, nous avons caractérisé
une nouvelle cytokine, la cytokine 16.
Cette molécule du système immunitaire
se lie à l’un des corécepteurs du virus
du sida. Dans le cadre de la génomique
fonctionnelle, nous développons
une stratégie de collaboration avec
d’autres sociétés de biotechnologie.
Nous sommes en instance de signer
des contrats avec deux sociétés israéliennes, deux allemandes, une française, une belge et une américaine. Ces
accords mixtes portent essentiellement
sur les diagnostics, des marqueurs de
tissus tumoraux, des cibles thérapeutiques de petites molécules et des
protéines sécrétées. Tout ça est très
loin de la bio-informatique pure. C’est
effectivement un repositionnement
total de Compugen.
« B-I » : Pourquoi ces nouvelles orientations étaient-elles nécessaires ?
S. L. : Si nous étions restés à la bioinformatique, nous serions restés à
« vendre des gènes ». Or, la valeur de
ce produit est faible. Le marché n’est
donc pas très attractif. Dans deux mois,
nous devons conclure, avec l’une des
dix premières big pharmas, un accord
sur la plate-forme Leads, du type de
ceux signés avec Human Genome
Sciences en mars 2000 ou avec Pfizer
en octobre 1999 et reconduit deux
fois depuis. Dans ce cas, les accords
sont très difficiles à concrétiser.
Nous espérons en avoir encore deux
d’ici à la fin de l’année. Mais ce n’est
pas suffisamment porteur. Au début,
Compugen pensait très vite avoir une
douzaine de gros clients. Aujourd’hui,
concrètement, nous en avons deux.
Leur nombre augmente mais ce n’est
pas suffisant.
« B-I » : Ce tournant est-il représentatif du secteur ? Les sociétés de
bio-informatique auraient-elles un
problème de positionnement ?
S. L. : L’avenir est dans les opportunités avec l’industrie pharmaceutique.
Dans les services, les collaborations,
les contrats, le codéveloppement.
Aujourd’hui, nous pouvons amener
certains produits jusqu’à la fin de la
phase préclinique. Nous travaillons en
thérapeutique et en diagnostic, avec
une orientation privilégiée sur le diagnostic. Le secteur bio-informatique
est viable mais il ne permet pas une
véritable croissance. Il est condamné
à des fonctions de services pour les
autres. Il y a donc un vrai problème
de positionnement sur la bio-informatique. L’avance que nous avons
dans ce secteur, au niveau des algorithmes, va continuer à être investie
dans la génomique et la protéomique.
« B-I » : Paradoxalement, certaines
sociétés de biotechnologie avec
des atouts bio-informatiques, Hybrigenics ou Genset, par exemple, semblent confrontées à une demande
dans ce secteur.
S. L. : Je connais bien Hybrigenics,
dont j’ai été membre du conseil scientifique et administratif pendant
quelques mois. J’ai dû abandonner
car il y avait des conflits d’intérêts
avec Compugen. Je ne crois pas que
cette société en vienne à céder ses
outils bio-informatiques. Je pense
plutôt qu’ils veulent garder cette arme
pour eux-mêmes. Ils ne la partageront
pas avec la concurrence. A l’avenir,
chaque entreprise aura son propre
service de bio-informatique. Et, d’ici
à cinq ans, c’est la mort des sociétés
de bio-informatique. Il y aura certainement encore des boîtes de ce type,
mais seulement dans les services. ■
PROPOS RECUEILLIS PAR
GÉRALDINE MAGNAN
NUMÉRO 88 — 11/04/2001 — PAGE 5
EN BREF
Les chercheurs de Geron
Corporation (Menlo Park,
Californie) viennent
de montrer que, chez
la souris, l’insertion du
promoteur de la télomérase en avant du gène de
la thymidine kinase (tk)
permettait de détruire
sélectivement les cellules
cancéreuses. Comme elles
expriment naturellement
le facteur de transcription
pour la télomérase, ces
cellules seront donc
les seules à produire
la thymidine kinase.
Ce qui les rend sensibles
au gancyclovire, un
puissant oncolytique.
(« Gene Therapy », 4 avril)
La société finnobritannique Ark
Therapeutics vient, quant
à elle, d’annoncer des
résultats positifs pour
son essai de phase I/II de
thérapie génique contre
le gliome malin. Ce traitement implique l’utilisation
d’un virus herpès, qui
exprime la thymidine
kinase, et une application
de gancyclovire. Le temps
de survie des patients
aurait ainsi doublé.
En étudiant le sang de
la mygale Acanthoscurria
gomesiana, des biologistes
de l’université de São
Paulo, au Brésil, ont
découvert une protéine
aux propriétés antibiotiques. Appelée gomésine,
elle serait efficace contre
24 espèces de bactéries,
neuf champignons et
cinq levures.
Des chercheurs de l’Institut
Max Planck (Göttingen,
Allemagne) viennent de
déposer un brevet sur un
test permettant de dépister l’ESB chez des animaux
vivants. La méthode
repose sur l’utilisation
d’anticorps fluorescents.
Alors que le prion sain ne
se lie qu’à deux anticorps
seulement, plusieurs
centaines peuvent se lier
à un agrégat de prions
pathologiques.
BIoTEcH•INFo
TECHNOLOGIE
Les faux espoirs des enzymes
Les enzymes issues des micro-organismes extrêmophiles n’ont pas
réussi à véritablement intégrer le marché, malgré leur immense
potentiel. En copiant l’évolution, on cherche à les améliorer.
J
acques Dietrich serait-il un « amoureux déçu » ? Comme la plupart des
spécialistes des enzymes, l’ancien
directeur du laboratoire de biotechnologie des micro-organismes hydrothermaux
de l’Ifremer (Brest) avait placé beaucoup
d’espoirs dans ces catalyseurs de réactions biochimiques. « Les enzymes issues
des organismes extrêmophiles présentent
de grands potentiels. Mais aujourd’hui,
il y en a seulement une dizaine sur le
marché. Et c’est tout ! », constatait-il
lors d’un congrès organisé à l’Institut
Pasteur la semaine dernière par la
société française de microbiologie.
Pourtant, «le marché des enzymes semble
énorme. Il est estimé à 2 milliards de
dollars en 2005. Et 90 % des enzymes
industrielles sont d’origine microbienne »,
poursuivait le chercheur. Les industriels
sont particulièrement intéressés par les
enzymes thermophiles et hyperthermophiles, qui proviennent de bactéries
dont la température optimale est respectivement supérieure à 60 °C et 80 °C. Ces
molécules leur offriraient de nombreux
avantages : éloignement de la température de contamination, meilleure stabilité aux variations de température,
résistance à la dénaturation par des
solvants organiques… Aussi, « on a longtemps cru que les enzymes allaient
révolutionner toute l’amidonnerie »,
racontait Jacques Dietrich. Idem ou
presque pour l’industrie pharmaceutique,
l’agroalimentaire, les métiers du papier
et du textile, le secteur des détergents…
Mais, il « n’y a toujours rien de bien
concret ! », s’exclamait-il.
L’évolution dirigée in vitro
Seul domaine à avoir rapidement intégré ces nouveaux outils : la recherche
en biologie moléculaire. Estimé à 70 millions de dollars, ce marché est tenu à
75 % par la Taq polymérase. La Pfu en
occupe 20 %. « En nous intéressant aux
polymérases, nous voulions une petite
part de ce marché, indiquait Jacques
Dietrich. Aujourd’hui, nous en avons
commercialisé quatre. Par exemple, la
polymérase II, récemment identifiée
grâce à la séquence du génome de
Pyrococcus abyssi, est très intéressante.
Elle présente une grande thermostabilité. A 80 °C, sa demi-vie dépasse les
50 heures. Et à 100 °C, elle va encore
de 5 à 6 heures. Notre phosphatase
alcaline, qui provient de la même bac-
térie, trouve aussi de nombreuses applications, notamment dans les immunomarquages. Sur le marché, il y a
seulement deux ADN ligases. Nous en
avons désormais une troisième, issue de
Thermococcus funicolans. »
Si les industriels ne se sont pas précipités sur ces nouvelles enzymes, c’est
qu’elles ne répondent pas précisément
à leurs besoins. Aussi, tous les protagonistes misent désormais sur l’évolution dirigée in vitro pour les améliorer.
« Contrairement à l’Ifremer, qui trouve
des enzymes et tente ensuite de les
vendre, nous cherchons des enzymes
à partir du cahier des charges de l’industriel, expliquait Fabrice Lefevre,
directeur de recherche de la société
nîmoise Proteus. Pour trouver la molécule intéressante, nous criblons la
biodiversité. Si l’enzyme ainsi identifiée
ne répond pas exactement aux demandes
de l’industriel, nous faisons ensuite
de l’évolution dirigée, du DNA-shuffling. » Principale différence entre les
mécanismes mis en œuvre dans la
nature et ceux adoptés par les chercheurs : la durée. Plusieurs milliers ou
millions d’années pour l’évolution
contre quelques semaines seulement
dans un « tube à essai ».
Pourtant, il existe bien un système
vivant « qui mime l’évolution et la sélection naturelle en un temps compatible
avec l’expérimentation en laboratoire,
soulignait Alain Friboulet, de l’université
de technologie de Compiègne. C’est le
système immunitaire. Il est très efficace.
Il génère une immense diversité :
1012 structures différentes. » Partant de
ce constat, quelques scientifiques ont
eu l’idée d’utiliser des anticorps comme
des enzymes. « Pour parvenir à abaisser
la barrière énergétique d’une réaction,
comme le font les enzymes, il faudrait
générer des anticorps contre les états
de transition de ces réactions », expliquait le chercheur. C’est ainsi que le
38C2 a vu le jour. Paradoxe : alors que
tout l’intérêt des anticorps catalytiques
réside dans leur grande spécificité
pour une seule réaction, c’est son côté
générique qui a conduit le 38C2 sur le
marché. Il est capable de catalyser près
de 100 réactions de condensation. Il a
notamment permis de mettre au point des
procédés pour des médicaments anticancéreux, l’épotilone A et l’épotilone B,
actuellement en développement. ■
GÉRALDINE MAGNAN
NUMÉRO 88 — 11/04/2001 — PAGE 6
TECHNOLOGIE
Un nouveau catalyseur de la traduction
En travaillant sur les origines de la vie, des chercheurs des universités de New York
(Buffalo, New York) et Tokyo (Japon) ont découvert un précurseur d’ARNt capable
de catalyser in vitro la réaction d’aminoacétylation (liaison entre un acide aminé
et un ARNt), étape déterminante de la synthèse des protéines. Sur le modèle
du ribozyme, le catalyseur naturel de la traduction, les chercheurs ont appelé
ce nouvel outil moléculaire sugazyme, du nom d’Hiroaki Suga, principal auteur
de l’étude. Cette découverte étaye l’hypothèse selon laquelle l’ARN serait « une
forme de vie » antérieure à l’ADN et aux protéines. Les biologistes expliquent aussi
comment ils sont parvenus, grâce au sugazyme, à fabriquer des nouvelles protéines
contenant un acide aminé inconnu dans la nature. Cette méthode permettrait
de construire facilement des polypeptides avec un marqueur intégré, stable, et qui
ne modifierait pas la structure de la protéine originelle. (« EMBO Journal », 2 avril)
Cellules souches: des résultats
contre l’infarctus
Des travaux récents montrent que les cellules souches de la moelle osseuse ont
un grand potentiel dans la réparation des dommages causés par un infarctus.
Dans la moelle osseuse d’hommes adultes, l’équipe de Silviu Itescu de la Columbia
University, à New York, a découvert des précurseurs endothéliaux ayant la capacité
de stimuler l’angiogenèse. Elle a alors utilisé chez le rat des angioblastes humains
(cellules embryonnaires qui génèrent l’endothélium) de type CD34+ qui sont
associés à ces précurseurs endothéliaux. Résultat : une revascularisation des tissus
ischémiés ainsi qu’une amélioration de 26 % de la fonction cardiaque
(« Nature Medicine », avril). Parallèlement, Piero Anversa et ses collègues
du New York Medical College (Valhalla, New York) se sont penchés, chez la souris,
sur la colonisation du myocarde lésé par des cellules souches médullaires
(« Nature », 5 avril). Ils ont constaté que, neuf jours après la transplantation,
les cellules avaient régénéré près de 68 % du muscle cardiaque. La fonction
cardiaque en a été améliorée de 33 %.
Un acteur clé dans la multiplication des prions
Le complément, élément du système immunitaire, participe à la multiplication
de l’agent pathogène des maladies à prions dans les tissus lymphoïdes, avant
l’infection des tissus nerveux. C’est ce que suggèrent deux équipes dans « Nature
Medicine» d’avril. Celle de Neil Mabott, de l’Institute for Animal Health (Edimbourg,
Grande-Bretagne), a provoqué chez des souris un déficit en C3, une protéine
du complément, en injectant un facteur du venin de cobra. De leur côté, Michael
Klein et Adriano Aguzzi, de l’Institut de Neuropathologie (Zurich, Suisse) ont utilisé
des souris génétiquement déficientes en C3, ou en d’autres protéines du complément.
Ensuite, chaque équipe a injecté à ses rongeurs l’agent pathogène de la tremblante
par voie intrapéritonéale. Résultats : la maladie se déclare avec 24 jours de retard
chez les souris de Neil Mabott, tandis que celles d’Aguzzi sont partiellement
ou totalement protégées contre de faibles doses d’agent pathogène. Ainsi,
«les arguments convergent vers une multiplication des prions pathogènes au niveau
des cellules dendritiques folliculaires, même s’il n’y a pas de véritable preuve »,
commente Jean-Pierre Liautard, de l’université de Montpellier. Normalement,
le complément capture et retient les antigènes à la surface de ces cellules.
Fabrique de protéines artificielles
Anthony Keefe et Jack Szostak, de l’Hôpital général du Massachusetts (Boston,
USA), ont créé des protéines dont ils avaient choisi la fonction. Jusqu’ici, une telle
opération était impossible, car on ne peut prédire comment une séquence linéaire
d’acides aminés se replie en trois dimensions. Les chercheurs ont contourné
cette difficulté en liant chaque protéine à l’ARN qui la code. Ce qui leur a permis
de multiplier spécifiquement, parmi 6 millions de millions de protéines aléatoires,
celles qui fixaient le mieux l’ATP. Cette sélection s’est poursuivie sur huit
générations. Résultat : aucune des quatre survivantes ne fonctionne de la même
manière, ni de celle des protéines naturelles connues. (« Nature », 5 avril)
BIoTEcH•INFo
EN BREF
L’équipe de Johannes
Huber, de l’université de
Vienne, en Autriche, vient
juste d’annoncer une
première mondiale qui
a eu lieu il y a sept mois :
la naissance d’un agneau
à partir d’ovaires congelés
entiers. Pour l’instant,
le jeune ovin se porte
comme un charme…
Une équipe du National
Institute of Allergy and
Infectious Diseases,
composant des NIH américains, vient de séquencer
le génome complet de
Streptococcus pyogenes.
Cette bactérie peut
conduire à une foule de
maladies : angine à streptocoques, fièvre écarlate,
impétigo, pneumonie,
inflammation rénale
aiguë… (« PNAS », 10 avril)
Des chercheurs de l’école
médicale de Harvard et
de l’hôpital général du
Massachusetts, à Boston,
viennent de mettre au
point un programme
informatique de prédiction
de la mort des neurones
après une attaque cérébrale. (« Stroke », avril)
En empaquetant des
molécules thérapeutiques
dans des polymères de
micelle « pluronique »,
Natalya Rapoport, de
l’université d’Utah, à Salt
Lake City, est parvenue
à augmenter la prise de
médicaments des cellules
cancéreuses résistantes.
Des résultats présentés
au congrès national
de la société chimique
américaine.
Grâce à des techniques
de chimie combinatoire,
des scientifiques de la
Duke University, à San
Diego (Californie), viennent
de synthétiser un composé
naturellement présent
chez un champignon
africain, le déméthyladterriquinone B1.
Il pourrait conduire à
des médicaments oraux
contre le diabète.
NUMÉRO 88 — 11/04/2001 — PAGE 7
LES LIENS DE LA SEMAINE
F O R M AT I O N
www.ud.com
Participez activement à la
recherche contre le cancer !
United Devices est la première
société commerciale à proposer
des logiciels pour des projets
de « distributed computing ».
En partenariat avec le Centre for
Computational Drug Discovery
de l’université d’Oxford, ce site
propose de télécharger un logiciel
qui, dès que vous lâchez
votre souris un instant, utilise
la puissance de calcul de votre
ordinateur. Objectif : analyser
les éventuelles interactions entre
des protéines connues pour leur
rôle clé dans les cancers, et toute
une liste de composés chimiques
divers et variés.
Le CNRS organise trois formations
R É G L E M E N TAT I O N
Union européenne: actualisation de la
procédure de reconnaissance mutuelle
L’unité pharmacie et cosmétique de la DG 3 de la Commission
européenne a adopté les nouvelles versions du chapitre 2
(procédures de reconnaissance mutuelle) et du chapitre 4
(procédures centralisées) qui seront inclues prochainement
dans les réglementations régissant les produits
pharmaceutiques dans l’Union européenne. Les versions
mises à jour décrivant le détail des procédures sont accessibles
en ligne sur le site : http://pharmacos.eudra.org
Le CNRS joue la carte de la parité
Pour répondre à cette question de société, Geneviève Berger,
directrice générale du CNRS, a décidé de créer un comité,
qui sera placé sous sa présidence, intitulé « Disciplines,
métiers, carrières et genres. La place des femmes au CNRS ».
Aujourd’hui, 14 600 hommes côtoient près de 10 700 femmes
au sein de cet organisme de recherche, mais ces dernières
demeurent largement sous-représentées dans le haut de
la pyramide hiérarchique. Parmi les 3 400 chercheuses, on
ne compte ainsi que 130 directrices de recherche de 1re classe.
• « Biologie moléculaire :
du tissu à la séquence »,
du 18 au 22 juin 2001,
à Gif-sur-Yvette (Essonne).
Cette formation vise un public
de techniciens, chercheurs,
et ingénieurs désireux de s’initier
à la biologie moléculaire ou
d’en approfondir certaines
connaissances. Les exposés
porteront sur la structure
des acides nucléiques
(ADN, ARN) et sur la mise
en œuvre des techniques
permettant d’identifier,
d’isoler, de cloner et de
séquencer une région
d’intérêt d’un génome.
• « Méthodes et stratégies
d’analyse des protéines »,
du 8 au 12 octobre 2001.
Elle a pour objectif l’acquisition
des bases théoriques et
pratiques du fractionnement
cellulaire et de l’analyse
des protéines. L’accent sera mis
sur l’utilisation de diverses
techniques d’électrophorèse.
• Une formation en plusieurs
modules dans le cadre
d’une préparation
d’un diplôme universitaire
de biochimie, à l’université
Pierre-et-Marie-Curie, à Paris.
Du 28 mai au 1er juin 2001,
sur le thème « Structures
et propriétés des protéines ».
Du 17 au 22 septembre 2001
sur l’enzymologie : analyse
des données et mécanismes
moléculaires.
Contact : CNRS,
Marie-France Sire
Tél. : 01-69-82-44-55
Fax : 01-69-82-44-89
E-mail : Marie-France.Sire
@dr4.cnrs.fr
Site Internet : www.cnrs
-gif.fr/bfp/as3/as.html
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Dépôt légal 2e trimestre 2001 - Editeur : Groupe Industrie Services Info. Siège social: 14, rue Médéric
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Directeur de la publication : Philippe Clerget. Imprimé par Dupliprint, 2, rue Descartes
95330 Domont. Commission Paritaire des Publications et Agences de Presse : 0601 I 78859.
N° ISSN : 1294 -2537.
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1CBT
www.phrma.org/cancer
Selon une étude réalisée par
la Pharmaceutical Research
and Manufacturers of America,
402 nouveaux médicaments
destinés au traitement
du cancer seraient actuellement
développés par les industries
pharmaceutiques et
biotechnologiques américaines.
La plupart de ces traitements
se posent comme des solutions
alternatives à la chimiothérapie
et à la radiothérapie. Elles ciblent
principalement les cancers
du poumon (68 traitements
en développement), du sein (59),
du colon (55), de la peau (52) et
de la prostate (52). Une étude
disponible en ligne gratuitement.

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