Ivan Wernisch la tête sur la table traduit du tchèque par

Transkript

Ivan Wernisch la tête sur la table traduit du tchèque par
Ivan Wernisch
la tête sur la table
traduit du tchèque par Virginie Béjot
Au diable ! dit, Whistlewick subitement. Regardez-moi cette pagode, civière ou je ne sais
quoi, que ces gars ont posée là, dont aucun d’entre eux n’est près!
Joseph Sheridan Le Fanu,
Chambre de l’auberge du Dragon Volant
Vůně deště
Vůně deště je vůně hliny
A vůně listi a stromove kůry, a vůně travy,
Když voni dešť, voni
Cihly, vapno, dehet
Voni hadry, voni kůže
Jdi ven, projdi se městem, zamiluj se
No tak. Umi to přece každej
L’odeur de la pluie
L’odeur de la pluie est l’odeur de l’argile
Et l’odeur du feuillage et des ecorces, et l’odeur de l’herbe,
Quand ca sent bon la pluie, ca sent
La brique, la chaux, le goudron
Ca sent la nippe, ca sent la peau
Vas dehors, traverse la ville, tombe amoureux
Allons. Tout le monde sait faire ca
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S křikem se vraceji
S křikem se vraceji
Špačci, co před chvili letěli k parku
Vyšel čišnik, opira o zeď tabuli
Dnes gulašek
Slyšet, jak se hoste bavi
Vlak brzdi, zuby trnou
Sluničko přijemně hřeje
Domaci lide se směji tiše
Kuchař naplival do polevky,
Teď za pootevřenymi dveřmi
Cely bily
Kouka, jak to chutna
Čišnik ma ruce v kapsach,
Na rtu cigarko
Nedloubej se v nose,
Vypichneš si oko,
Pravi otec a rozhledne se kolem
Mrtvola za nadražnim bufetem
Drži igelitku, nechce ji nikomu dat
Nůž ma střenku obalenou hadrem
Toho člověka tu předtim nikdo neviděl
Co ty ptaky vyděsilo
Řikal jsem nedloubej
Muž na lavičce jistě někam spěcha
Co chvili prohliži sve naramkove hodinky
A ještě natahne nohy, přivře oči
Nad střechou gymnazia průsvitny měsic,
Skoro ho vidět neni
V dětskem kočarku drncaji lahve
V te tašce je všecko, co na světě mam
Ils rentrent en criant
Ils rentrent en criant
Les etourneaux, qui juste avant volaient au parc
Le serveur sort, il appuie l’ardoise contre le mur
Aujourd’hui goulasch delicieux
On peut entendre, comme les clients s’amusent
Le train freine, les dents grincent
Le soleil chauffe agreablement
Les gens du coin sourient en silence
Le cuisinier a crache dans la soupe,
Maintenant par la porte entrouverte
Tout blanc
Il regarde si c’est bon
Le serveur a les mains dans les poches
Une cigarette aux levres
Ne te decrotte pas le nez,
Tu vas te crever l’oeil,
Dit le pere et il regarde tout autour
Le cadavre derriere le buffet de la gare
Tient un sac en plastique, il ne veut le donner a personne
Le manche du couteau est emballe dans un chiffon
Cet homme personne ne l’a vu ici auparavant
Qu’est-ce qui a epouvante ces oiseaux
J’ai dit ne te le decrotte pas
L’homme sur le banc se presse certainement quelque part
A chaque instant il regarde sa montre
Et etire encore les jambes, les yeux mi-clos
La lune transparente au-dessus du toit,
On ne la voit presque pas
Dans une poussette des bouteilles tintent
Dans ce sac il y a tout ce que j’ai au monde
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Červanky
Do stinu stromů vešel můj stin
Měl vysokou čepici
Ohledl jsem se za hlasem ženy
Je otevřeno
Muži tam sedi, piji napoj znalců
Nikdo nezvedl zrak
Chrstla na chodnik špinu
Ruda se měni v růžovou
Dlouhe stiny se lamou o zeď
Ježiš naše spasa
Karas je vůl
Greta de s každym
Byl sem tady a vratim se zase
Zuza Kolačkova miluje Standu
V letě chladi, v zimě hřeje
Slyši na jmeno Pucina
Povězte o tom přatelům a znamym
Volej, můžeš i v noci
≈ ≈ ≈
V mem domě přibyva schodů
Lepši by bylo nevychazet
Anebo nevracet se
Dnes musim vystoupat zas o něco vyš
Brzo budu v nebi
L’aurore
Mon ombre est entree dans l’ombre des arbres
Elle avait un grand chapeau
Je me retournai au son d’une voix de femme
C’est ouvert
Les hommes assis la boivent une boisson de connaisseurs
Personne ne leva les yeux
Sur le trottoir elle jeta le bac d’eau sale
Le rouge se change en rose
De longues ombres viennent se briser contre les murs
Jesus notre salut
Karas est un con
Greta sort avec n’importe qui
J’etais la et j’y reviendrai
Zuza Kolačkova aime Standa
En ete elle rafraichit, en hiver elle rechauffe
Elle repond au nom de Pucina
Dites-le a vos amis et a vos connaissances
Appelle, meme pendant la nuit
≈ ≈ ≈
Dans ma maison les marches se multiplient
Mieux vaudrait ne pas sortir
Ou bien ne pas rentrer
Aujourd’hui je dois monter encore plus haut
Bientot je serai au ciel
-------------------------------------------
Tam dole
Lahev od rumu se vrha
Ze stolu po hlavě Do šilene hloubky,
Ze zoufalstvi, Z bezradnosti
Připada si tak prazdna
Utika po schodech klubko,
Ven z toho domu, Pryč
Svět pořad nikde,
A ono je menši a menši
Dešťova kapka spěcha k zemi,
Spěcha a těši se: Snad tam,
Tam dole už nebudu sama!
La-bas en bas
La bouteillle de rhum s’elance
De la table la tete la premiere Vers de folles profondeurs
Elle desespere, Elle doute
Elle se sent si vide
Une pelote s’enfuit par les escaliers,
A l’exterieur de cette maison, loin
Le monde toujours nulle part,
Et elle toujours plus petite
La goutte de pluie se depeche vers le sol,
Se depeche et se rejouit d’avance: Peut-etre que la-bas
La-bas en bas je ne serai plus seule!
------------------------------Dřevo
Kymacet se před cizim stavenim,
Nahližet oknem,
Čichat kouř,
Zahlednout hořici tvaře
Dobry den
Přinesl jsem vam trochu ovoce
Ale už musim jit
Čekaji mě doma
Otec Vichr se mnou třese:
Ukaž, co ti dali,
Cos dostal od cesty
Samota, ma mati,
Spila mi: Ničemo, poleno,
Ty jednou shniješ
Du bois
Tanguer devant un batiment etranger,
Regarder par la fenetre,
Humer la fumee,
Apercevoir des visages en feu
Bonjour
Je vous ai apporte un peu de fruits
Mais je dois deja m’en aller
On m’attend a la maison
Le pere Vent me fait trembler:
Montre c’qu’ils t’ont donne,
Ce qu’ils t’ont donne pour ta peine
La solitude, ma mere,
Elle m’insulte: peste, vaurien,
Tu pourriras un jour
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To jsem ja
Cikanska pisnička
Odežeň mraky, podivej se dolů,
Koukni
My vlasy se blejskaji, když na ně svitiš
Prohlidni si mě, jen si mě prohlidni
To jsem ja
Tady ležim v seně, bože,
Jsem krasna, bože
C’est moi
Chansonnette tsigane
Chasse les nuages, regarde en bas,
Regarde
Mes cheveux s’eclaircissent quand tu les illumines
Regarde-moi, regarde-moi donc
C’est moi
Ici allongee dans le foin, mon dieu,
Je suis belle, mon dieu
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V době dešťů
V době dešťů jsou zde hostince prazdne,
Prochazite se zastřešenymi uličkami
V některem z těchto kramků
Ochutnavate maso divokeho prasete
Vařene v kravskem mlece,
V jinem psi rybu,
Je to had, ktery ma hlavu psa
Vitaji vas všude, kam se odhodlate vstoupit
Jste jediny cizinec
Všichni se hybou, jako by ještě žili
Ze dna sklenice se zveda šedožluty kal
Usinate celou noc, ne a ne dopit lahev
Nevite, jestli jste skutečně spal
Hned druhy den dostavate vzkaz
Pani de Trommet si přeje s vami mluvit
Neznepokojujte se
Je to jasnovidka
Usadila se v tomto městě již davno,
Aby vyčkala vašeho přijezdu
Neznepokojujte se
Na uvedenou adresu nechoďte,
Jistě už neplati
Tu pohlednici někdo dlouho nosil v kapse
A la saison des pluies
A la saison des pluies, les auberges d’ici sont vides,
Vous vous promenez sous les ruelles couvertes
Dans une de ces petites boutiques
Vous goutez de la viande de sanglier
Cuisinee au lait de vache,
Dans un autre, du poisson chien
C’est un serpent qui a une tete de chien
Ils vous invitent partout ou vous decidez d’entrer
Vous etes le seul etranger
Tous bougent comme s’ils etaient encore vivants
Du fond du verre s’eleve une lie grisatre
Toute la nuit vous tombez de fatigue, vous n’arrivez
pas a finir la bouteille
Vous ne savez pas si vous avez vraiment dormi
Des le deuxieme jour vous recevez un message
Madame de Trommet desire s’entretenir avec vous
Ne vous inquietez pas
C’est une voyante
Elle s’est etablie dans cette ville depuis longtemps
Afin d’attendre votre arrivee
Ne vous inquietez pas
N’allez pas a l’adresse indiquee,
Elle n’est surement plus valable
Cette carte quelqu’un l’a longtemps gardee dans sa poche
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Wen-czi prozpěvuje verše
Wen-czi prozpěvuje verše, neni to však
Muž, ktereho bychom musili chraniti
Jen Hui
Odpovi vždy přesně tak, jak třeba, ale
Vim o něm, že se rad prochazi se zavřenyma očima
Czi-kung,
jehož prsty se tak drobně pohybuji, ma
jednu tvař bledou, druhou červenou, Ching Bun
širokym rukavem
Ometa stoly, avšak
Jeho uklony jsou kratke a prudke
Fang, přimy, čestny muž
Vyšel za večera z domu
Rad stavam na břehu řeky
A posloucham paličky tlukouci o kamen
Ja, ktery, když jsem byl mlad, rostl jsem
U stare tety
V dostatku i neokazale skromnosti
Wen-Tsi fredonne des vers
Wen-Tsi fredonne des vers, il n’est pourtant pas
L’ homme que nous devrions proteger
Yen Hui,
Repond toujours exactement comme il faut, mais
Je sais de lui qu’il aime se promener les yeux fermes
Tsi-Kung,
Dont les doigts bougent si minutieusement, a
Une joue pale, l’autre rouge, Tching Bun avec sa large
manche
Balaie les tables, cependant
Ses inclinations sont courtes et virulentes
Fang, droit, honnete homme
Est sorti de chez lui pendant la soiree
J’aime rester debout au bord de la riviere
Et j’entends les laveuses tapper la pierre
Moi, qui, quand j’etais jeune, ai grandi
Chez ma vieille tante
Dans l’abondance et dans une modestie sans faste
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Misto pro přiběh
Dobře činily lokerske uřady: trestaly každeho, kdo
vrativ se z ciziny se tazal: Neni nic noveho?
Plutarchos
Dlažděny přistav zarostly travou
Den a noc, den a noc
Světlo a tma rychle přebihaji přes nizke domky
(плывут oблака, пройдет день)
Neomitnute cihly, dřevěne molo
Lide, kteři přejdou a nejsou
Bedny, pytle, sudy
Misto pro přiběh
(ein Bajonettstich in Unterleib)
V hlavě buši srdce
Vzpomeň si kdes byl
Vzpomeň si kde jsi
≈ ≈ ≈
Předem meho dopisu přijmi srdečny pozdrav,
O Thrasybule
Počasi zde jest nestale
Včera po cely den pršelo
Hnojně dusno se střida s prašnym vedrem
V bažinach, ktere hniji hned za městskou zdi,
se rodi komaři
A lide s tvařemi v kapich
Jajteles spadl z židle a zapomněl sve jmeno
Nu a to je asi tak všecko
Ze zdejšiho měsidla,
Co by tě mohlo zajimat
P. S.
S připojenou zasilkou veršů
Si tvůj stůl chvili vystači
Un lieu pour une histoire
Les fonds de bienfaisance des bureaux Loker: punitions
pour chacun, qui au retour de l’etranger s’interrogent:
n’y a-t-il rien de nouveau?
Plutarque
Sur le port dalle l’herbe pousse
Jour et nuit, jour et nuit
La lumiere et les tenebres passent au ras de basses
maisonnettes
(плывут oблака, пройдет день)*
Des briques sans crepi, le ponton en bois
Les gens, qui traversent et ne sont plus
Des caisses, des sacs, des tonneaux
Un lieu pour une histoire
(ein Bajonettsich in Unterleib)**
Le coeur palpite dans la tete
Rappelle-toi ou tu etais
Rappelle-toi ou tu es
* dans le ciel les nuages voguent
** la baionnette dans le bas ventre
≈ ≈ ≈
En introduction a ma lettre, je te prie d’agreer mes
sinceres salutations,
Oh Thrasybulos
Le temps ici est instable
Hier il a plu toute la journee
L’odeur de fumier alterne avec une chaleur poussiereuse
Dans les marecages, qui putrifient juste derriere les murs
de la ville, naissent les moustiques
Et des gens aux visages encapuchonnes
Yaiteles est tombe de la chaise et oublia son nom
Voila c’est a peu pres tout
De la marmite locale,
Qui pourrait t’interesser
P. S.
Ta table devra se contenter un instant
De ces quelques vers joints a ma lettreVitr boucha dveřma hajzlu
(červanky, apartma
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v hotylku nad mořem,
srdce až v krku)
Ma skutečna laska je daleko
(budeš to zase ty)
Le vent claque la porte des chiottes
(a l’aurore, un appartement
dans le petit hotel au-dessus de la mer,
le coeur lourd)
Mon veritable amour est loin
(ce sera ca a nouveau et juste toi)
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Ses můj sen
Tak, drahoušku, de se ke mně
Seš můj sen
Jo, řek sem ke mně
Teď na chvili zavři hubu
Tak zavři tu hubu
Nedokažu usnout, dyž sem samJeště mě obejmi
≈ ≈ ≈
Ještě mě obejmi
A teď už si dělej, co chceš, je rano
Tak co tu teda eště dělaš?
Di už do prdele, sračko
U okna stoji jeji ditě a diva se za mnou
Kdybych tu žil, bylo by take moje?
Kdybych tu žil...
Citim jen maly zarmutek, slabou vůni, ktera nic
A nikoho nepřipomina
T’es mon reve
Bien, ma chere petite, on va chez moi
T’es mon reve
Ouais, j’ai dit chez moi
Ferme ta gueule pour un instant
Bien, ferme-moi cette gueule
Je n’arrive pas a m’endormir, quand j’suis seul
≈ ≈ ≈
Embrasse-moi encore
Et maintenant fais ce que tu veux, c’est le matin
Alors qu’est-ce-que tu fous encore la?
Va te faire foutre, merde
Son enfant est debout a la fenetre et me suit du regard
Si je vivais ici, serait-il le mien?
Si je vivais ici...
Je sens seulement une petite tristesse, un faible parfum,
Qui ne rappelle rien ni personne
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Baseň nalezena v popelu
Swinburne
Libaje jeji vlas ja
Jej splital, rozplital
Jim jeji ruce spjal
Jak zahrabany květ
Mně sladši nebyl sen
Sen květů studenych
Poesie trouvee dans la cendre
Swinburne
Embrassant ses cheveux moi
Je les nouais, denouais
lui en nouais les mains
Comme une fleur ensevelie
Je n’avais pas de reve plus doux
Un reve de fleurs froides
-------------------------
Alison
Dům na kopci, lustr, housle
Umyvadlo, břitva, mydlo,
Rezavy klič, černa sluj
V černych skalach, v drobnem dešti,
V němž se ani list nepohne,
Ptaci vřešti nad přivozem,
Křiči slovo, je to jmeno
Křiči slovo
*
Do zrcadla zaleza slunce
Z taliřů na stole vyletuji mouchy
Alison
Une maison sur la colline, un lustre, un violon
Un lavabo, un rasoir, un savon,
Une cle rouillee, une caverne noire
Dans les roches noires, dans la bruine,
Dans laquelle pas une seule feuille ne bouge,
Les oiseaux braillent au-dessus de l’embarcadere,
Ils crient un mot, c’est un nom
Ils crient un mot
*
Le soleil se cache dans le miroir
Sur la table les mouches s’envolent des ecuelles
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Zrcadlo, bicykl, svicen...
S kaktusy růže, lotosy, hrstě nočnich tež fial...
Jaroslav Vrchlicky
Zrcadlo, bicykl, svicen,
Kdeco s kdečim dohromady
Kaprlata, žizeň, štoudev,
Tohle sem, to nechej tady:
Housle, deštnik, jaternice,
Nože, vidličky i lžice,
Peřiny a hodiny a
Všude plno žadnejch věci
Bedna, kartač, kravsky rohy,
To i tohle schovej někam,
Dřiv než přijdou povidači,
Cos kde našel, seberou ti,
Zůstane jen prazdny ticho
Ticho, taky třeba takhle:
Damske kolo opira se
O zrcadlo v předsini, a
V koutě poblikava svice
Anebo si představ třeba:
Daš to všecko do světnice:
Na taliři jaternice,
Taky zeli, brambory, a
Tady stoji lahev piva
Tady stoji lahev piva,
Hodiny čekaji na zdi,
Až se zase pohne čas
------------------------
Le miroir, la bicyclette, le chandelier...
Avec les cactus les roses, les lotus, poignees de violettes de nuit
pareillement...
Jaroslav Vrchlicky
Un miroir, une bicyclette, le chandelier,
N’importe quoi et n’importe quoi tout ensemble
Des capres, la soif, le baquet
Celui-la par ici, celui-la laisse le la:
Violon, parapluie, andouillette
Des couteaux, des fourchettes et meme des cuillers,
Des edredons et des horloges et
Partout plein de riens
Un bahut, un balais, des cornes de vaches,
Ca et ca aussi, cache-les quelque part,
Avant qu’arrivent les bavards,
Ce que tu as trouve on te le prend,
Il ne reste qu’un silence vide
Le silence, peut-etre aussi comme ca:
Un velo pour femme s’appuie
Au miroir dans l’entree, et
Dans le coin scintille une chandelle
Ou bien imagine-toi peut-etre:
Tu mets tout dans la chambre:
Sur l’assiette l’andouillette,
Aussi le chou, les pommes de terre, et
Ici une bouteille de biere posee
Ici est posee une bouteille de biere,
L’horloge attend au mur
Qu’a nouveau le temps redemarre
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Polivka
Cikanska pisnička
Nebe se zatahlo, prši,
Přestalo pršet, slunce vylejza
V sini na podlaze sedi muž a plače
Žena mu utekla! Je to k vzteku,
Ale on plače
Utekla mi! A teď někde
Někomu jinymu vaři polivku
Ach jak ta uměla uvařit polivku!
To byla polivka!
Ach jak ta uměla polivku!
La soupe
Chanson tsigane
Le ciel s’est couvert, il pleut,
Il a cesse de pleuvoir, le soleil perce
Dans une piece un homme est assis par terre et il pleure
Sa femme l’a quitte! C’est rageant,
Mais il pleure
Elle m’a quitte! Et maintenant quelque part
Elle cuisine une soupe pour un autre
Ah! comme elle savait cuisiner la soupe!
Ca c’etait de la soupe!
Ah! comme elle savait faire la soupe!
Berceuse
La tête de l’ivrogne repose sur la table
Les bouteilles se dressent tout autour
Les mouches bourdonnent
Le soleil s’en va
Le jour et la nuit se rencontrent
Les bouteilles renversées
La tête de l’ivrogne se vautre sur la table
Comme oscille le monde
L’odeur de la pluie
L’odeur de la pluie est l’odeur de l’argile
Et l’odeur du feuillage et des écorces, et l’odeur de l’herbe,
Quand ça sent bon la pluie, ça sent
La brique, la chaux, le goudron
Ça sent la nippe, ça sent la peau
Vas dehors, traverse la ville, tombe amoureux
Allons. Tout le monde sait faire ça
Loučovice
La lune est partie en balade
En cette belle journée ensoleillée
Dans l’auberge sur le chemin la machine à sous se taisait
Dans la cour bourdonnaient les arbres
Du mur le mica brillait
De la gare la puanteur du carbure
Entre les traverses verdoyaient les pommes
Je passai par le trou de la clôture
Mon petit chat vint à ma rencontre
Le vent parcourait la place Rien, seul le clapotis des pieds nus
Toujours là le joyeux bureau de tabac
Tout autour les têtes pendues
Ces têtes se sont balancées
Ces têtes me souriant dans le dos
Lorsque j’écartai les bras
Et m’envolai
Ils rentrent en criant
Ils rentrent en criant
Les étourneaux, qui juste avant volaient au parc
Le serveur sort, il appuie l’ardoise contre le mur
Aujourd’hui goulasch délicieux
On peut entendre, comme les clients s’amusent
Le train freine, les dents grincent
Le soleil chauffe agréablement
Les gens du coin sourient en silence
Le cuisinier a craché dans la soupe,
Maintenant par la porte entrouverte
Tout blanc
Il regarde si c’est bon
Le serveur a les mains dans les poches
Une cigarette aux lèvres
Ne te décrotte pas le nez,
Tu vas te crever l’œil,
Dit le père et il regarde tout autour
Le cadavre derrière le buffet de la gare
Tient un sac en plastique, il ne veut le donner à personne
Le manche du couteau est emballé dans un chiffon
Cet homme personne ne l’a vu ici auparavant
Qu’est-ce qui a épouvanté ces oiseaux
J’ai dit ne te le décrotte pas
L’homme sur le banc se presse certainement quelque part
A chaque instant il regarde sa montre
Et étire encore les jambes, les yeux mi-clos
La lune transparente au-dessus du toit,
On ne la voit presque pas
Dans une poussette des bouteilles tintent
Dans ce sac il y a tout ce que j’ai au monde
L’aurore
Mon ombre est entrée dans l’ombre des arbres
Elle avait un grand chapeau
Je me retournai au son d’une voix de femme
C’est ouvert
Les hommes assis là boivent une boisson de connaisseurs
Personne ne leva les yeux
Sur le trottoir elle jeta le bac d’eau sale
Le rouge se change en rose
De longues ombres viennent se briser contre les murs
Jésus notre salut
Karas est un con
Gréta sort avec n’importe qui
J’étais là et j’y reviendrai
Zuza Koláčková aime Standa
En été elle rafraîchit, en hiver elle réchauffe
Elle répond au nom de Pucina
Dites-le à vos amis et à vos connaissances
Appelle, même pendant la nuit
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Dans ma maison les marches se multiplient
Mieux vaudrait ne pas sortir
Ou bien ne pas rentrer
Aujourd’hui je dois monter encore plus haut
Bientôt je serai au ciel
Qu’est-ce-que c’est, j’ai un drôle de sentiment
Comme quand les noix tombent dans la cour
A peu près comme
Quand par les champs labourés court le lièvre,
Sous ses pattes le bruit de l’herbe sèche,
La forêt exhale une odeur de tabac
Et l’homme commence à ressembler à son grand-père
Quelque chose me dit Ne dis plus rien
Là-bas en bas
La bouteillle de rhum s’élance
De la table la tête la première Vers de folles profondeurs
Elle désespère, Elle doute
Elle se sent si vide
Une pelote s’enfuit par les escaliers,
A l’extérieur de cette maison, loin
Le monde toujours nulle part,
Et elle toujours plus petite
La goutte de pluie se dépêche vers le sol,
Se dépêche et se réjouit d’avance : Peut-être que là-bas
Là-bas en bas je ne serai plus seule!
Du bois
Tanguer devant un bâtiment étranger,
Regarder par la fenêtre,
Humer la fumée,
Apercevoir des visages en feu
Bonjour
Je vous ai apporté un peu de fruits
Mais je dois déjà m’en aller
On m’attend à la maison
Le père Vent me fait trembler :
Montre c’qu’ils t’ont donné,
Ce qu’ils t’ont donné pour ta peine
La solitude, ma mère,
Elle m’insulte : peste, vaurien,
Tu pourriras un jour
A midi en plein été
Deux hommes éreintés par la chaleur
Aperçurent un platane qui justement se reposait au bord du chemin,
En s’approchant de lui
Dans son ombre ils se couchèrent
Et s’endormirent
En voilà une bonne idée,
Se dit le platane remarquant les deux,
Moi aussi je vais me mettre au frais
Légèrement il s’écarta vers un rocher tout proche,
S’appuya contre la pierre froide,
Ses racines trempaient dans l’eau qui tombait de la roche,
Et se réjouissant
Il fredonna un air
Que les guêpes lui avaient appris
Et mince! Ce que le soleil brûle!
On frit à nouveau! Dit l’homme en s’éveillant
Mais qu’est-ce que ceci? S’étonna-t-il
Tu entends? Tout en secouant son camarade,
Et si on fredonnait un air nous aussi,
Ainsi avant la nuit nous irons encore plus loin
Bien, bien, peut-être faudrait-il se hâter,
Se rappela le platane
Moi-même j’aurais déjà dû prendre la route,
Sinon je n’arriverai pas jusqu’au soir
C’est moi
Chansonnette tsigane
Chasse les nuages, regarde en bas,
Regarde
Mes cheveux s’éclaircissent quand tu les illumines
Regarde- moi, regarde-moi donc
C’est moi
Ici allongée dans le foin, mon dieu,
Je suis belle, mon dieu
Midi en ville
Je prends une rue
Une longue rue,
C’est si vide ici, personne nulle part,
Pas une personne
Nulle part pas même un chien,
Personne nulle part,
Que des arbres,
Ici il n’y a que des arbres,
Ça me plaît ici
Ça me plaît tant ici
Et ici tout à coup
Je rencontre une fille,
Elle est belle
Et veut me lire dans la main
Ça non, je dis
Et je cache la main dans ma poche
Et elle dit
Pourquoi t’es comme ça ?
Comment ? je demande
Si triste,
Si effrayé,
Si désespéré
Dit-elle
La fiancée fracasse les pots
La fiancée fracasse les pots,
La maman pleure,
Le papa peste,
Le frère se marre,
Les copains sifflent devant la maison
Laisse tomber, on y va, crient-ils
Je les entends bien,
Mais ne réponds pas
Allongé sur le canapé,
J’ai les yeux fermés,
Les bras croisés sur la poitrine,
Et je m’imagine :
Alors ce sera comme ça,
Quand je serai dans le cercueil
Ma mignonne habite rue de l’amour
J’ai écrit un poème sur l’amour
Lis-le
Ou bien vaut mieux pas
Oublie le,
C’est juste une blague
Et d’ailleurs ce n’est même pas une blague
Du ciel tombent de blancs ballons dégonflés
Le matelas balancé de la fenêtre
Fuse sur la rue
A l’intérieur de la maison quelqu’un soupire
C’est elle, mon amour
Je lui manque
Et ça c’est beau
Le poème devrait plaire à toute le monde
Les poèmes devraient être beaux
C’est mieux, quand ils ne le sont pas,
Mais ils devraient l’être
Oh
Oh monsieur le Commandant! j’ai soupiré, pensant plus à Madame la Commandante qu’à son
propre mari.
P. Albieri
Oh monsieur le commandant!
J’ai soupiré
Praktische Anleitung zur grundlichen
Erlernung der Sprache
1.
Au-dessus d’arbres touffus volent les oiseaux
Derrière la ville ondulent les blés
Les rires d’enfants folâtres parviennent du verger
Les enfants de l’école jouent aux soldats
Dans les allées des foules de gens se dispersent
2.
Comment va monsieur votre cher frère ?
Il est toujours aussi guilleret,
Il parle allemand,
Sa voix est virile et mélodieuse
3.
Traître! tu dois être pendu
Où vas-tu avec ton cheval ?
Que fais-tu avec une flamme?
Où vas-tu avec ta cape?
Comme cette allée est bien droite et longue !
Comme un petit moment pour soi est délicieux !
4.
Mon père est né en Pologne et moi en Bohême
Mon grand-père avait des crampes au doigt
Je voudrais avoir une relation avec une dame honnête
5.
Vous étiez au baptême de votre cousine ?
Dans toutes les cages nous avons des oiseaux
Alors combien vous avez de chemises ?
6.
Maman vint dans ma chambre avec un fusil
Et une longue conversation a commencé =)
Pourquoi as-tu dévié le cours de ton existence?
7.
Dans cette grotte il y a beaucoup de sang
Chaque homme a une âme immortelle
=) Le bienfait des bons poèmes est considérable. Pose la chaise au pied du lit, et le tirebotte sous le lit. Après le travail raccompagnons notre amie jusqu’à la route. Préviens la
maîtresse de maison, afin qu’elle nous prépare un bon dîner. Le bonnet du gars est tombé
dans le puit. L’horloge de la tour de l’église n’avance pas bien.
A qui sont ces étendards? Apporte-moi un verre d’eau. J’ai déjà été dans toutes les
chambres. Le gardien est posté sur la frontière. Que fais-tu avec ces boules? As-tu déjà été
à Paris?
Maladie légère d’une nuit
Maladie légère d’une nuit
Jemorspourelle, la ville
Montre de poche : bon signe
Rivière de perles
Jarretelle, puissante cuisse
Cuve remplie d’eau pure
Voyage en bateau
Feu d’artifices
Long drapeau, ondoyant
Hurlements des chiens depuis la cour
A la saison des pluies
A la saison des pluies les auberges d’ici sont vides,
Vous vous promenez sous les ruelles couvertes
Dans une de ces petites boutiques
Vous goûtez de la viande de sanglier
Cuisinée au lait de vache,
Dans un autre, du poisson chien
C’est un serpent qui a une tête de chien
Ils vous invitent partout où vous décidez d’entrer
Vous êtes le seul étranger
Tous bougent comme s’ils étaient encore vivants
Du fond du verre s’élève une lie grisâtre
Toute la nuit vous tombez de fatigue, vous n’arrivez pas à finir la bouteille
Vous ne savez pas si vous avez vraiment dormi
Dès le deuxième jour vous recevez un message
Madame de Trommet désire s’entretenir avec vous
Ne vous inquiétez pas
C’est une voyante
Elle s’est établie dans cette ville depuis longtemps
Afin d’attendre votre arrivée
Ne vous inquiétez pas
N’allez pas à l’adresse indiquée,
Elle n’est sûrement plus valable
Cette carte quelqu’un l’a longtemps gardée dans sa poche
Wen-Tsi fredonne des vers
Wen-Tsi fredonne des vers, il n’est pourtant pas
L’homme que nous devrions protéger
Yen Hui,
Répond toujours exactement comme il faut, mais
Je sais de lui qu’il aime se promener les yeux fermés
Tsi-Kung,
Dont les doigts bougent si minutieusement, a
Une joue pâle, l’autre rouge, Tching Bun avec sa large manche
Balaie les tables, cependant
Ses inclinations sont courtes et virulentes
Fang, droit, honnête homme
Est sorti de chez lui pendant la soirée
J’aime rester debout au bord de la rivière
Et j’entends les laveuses tapper la pierre
Moi, qui, quand j’étais jeune, ai grandi
Chez ma vieille tante
Dans l’abondance et dans une modestie sans faste
Un lieu pour une histoire
Les fonds de bienfaisance des bureaux Loker: punitions pour chacun, qui au retour de
l’étranger s’interrogent : n’y a-t-il rien de nouveau ?
Plutarche
Sur le port dallé l’herbe pousse
Jour et nuit, jour et nuit
La lumière et les ténèbres passent au ras de basses maisonnettes
(dans le ciel les nuages voguent)
Des briques sans crépi, le ponton en bois
Les gens, qui traversent et ne sont plus
Des caisses, des sacs, des tonneaux
Un lieu pour une histoire
(la baïonnette dans le bas ventre)
Le cœur palpite dans la tête
Rappelle-toi où tu étais
Rappelle-toi où tu es
Der griff
En introduction à ma lettre, je te prie d’agréer mes sincères salutations,
Oh Thrasybule
Le temps ici est instable
Hier il a plu toute la journée
L’odeur de fumier alterne avec une chaleur poussiéreuse
Dans les marécages, qui putrifient juste derrière les murs de la ville, naissent les
moustiques
Et des gens aux visages encapuchonnés
Yaiteles tomba de la chaise et oublia son nom
Voilà c’est à peu près tout
De la marmite locale,
Qui pourrait t’intéresser
P.S.
Ta table devra se contenter un instant
De ces quelques vers joints à ma lettre
Les rimes extra-lucides du chef de train J. Crevasse =)
Joli paysage, regarde : je vois une montagne,
Un rail, une guérite, une fosse d’aisance
Mais où peut bien être notre Horst, wo
Ist er, der aimable garçon ?
Voyons la jeune fille : elle fauche le trèfle !
Par- dessus deux bornes de verger
D’un seul bond il se retrouve là
Se jette sur elle par derrière
Lui fait de suite un croc-en-jambe
Lui arrache déjà sa blouse, sa jupe,
Et au même moment- Dieu, Ciel!Un sifflement féroce retentit depuis la gare
(A trois heures et demi passe par ici
L’express Vienne- Saint-Clou sur Mer)
Un emballage de goûter vole jusqu’ici,
Une feuille, sur laquelle tout est écrit
Nos désirs, nos actes
Le vent souffle! Il détruit
Un monsieur confus par l’amour !
Il a maintenant attrapé un lourd tuyeau
En hauteur l’aéroplane
Se dépêche, juste pour être loin
Et cette feuille qui sait tout
S’envole aussi par-delà les collines
Personne ne va la lire
Qui s’intéresse à cette fille
Et le gars, qui du fait
De la rime devait apparaître ?
Laissons le poème inachevé
Horst est dans un autre pétrin
Horst n’a pas commis d’offense
On le pendra un autre jour
Lisez soigneusement les journeaux
Chaque jour les mêmes blablas
=) Jules Crevasse - garde des chemins de fer, auteur d’une admirable brochure «Réflexions
sur les suicides, les accidents et fins tragiques de l’humanité des temps présents et passés»
(Dačice na Moravě 1929)
Le voyage en ville comme si déjà je le connaissais
« Qu’est-ce donc ? » s’interrogea Harris
« Une forêt » répondit Koltar
« Allons-nous la traverser? »
« Nullement, monsieur, nous la contournerons, et ça très largement . S’il y a des Indiens,
ils sont assurément cachés là- bas.»
Emilio Salgari, la reine des Champs d’Or
Le voyage en ville comme si je le connaissais déjà
(bruits venant de l’auberge, moustiques autour de la lampe, depuis l’entrepôt de la gare
ça sentait bon la peinture à l’huile) Seul le vent frais rappelait
Que je ne suis pas d’ici
J’ai dormi à l’hôtel (dès demain je me trouve
quelque chose de mieux)
Et tôt le matin je me promenais déjà dans les rues
Les gens se retournaient à mon passage
Lorsque je les saluais comme de vieilles connaissances
Je suis passé chez le barbier
Afin que l’on voit, qui je suis
(je suis originaire de Graz, je réside toutefois à Vienne)
A midi au restaurant
lu les journaux locaux
(ils ont là une scierie, une école forestière, une fabrique de liteaux en bois)
Il a commandé tout, ce qu’on mangeait à la table d’à côté
Il a fait louange de la cuisine, laissé un pourboire
Il a bagnaudé sous les arcades,
Contourné la fontaine, il y avait des poissons rouges dedans
Dans la rue principale il a observé les vitrines, il a acheté
Le silence du colonel Brambl,
Il s’est assis dans un parc, a écouté les tourterelles,
Puis est parti par d’autres chemins
(le livre je l’ai laissé sur le banc)
A la fin de la journée à la brasserie près de la gare
S'est un instant arrêté jouer aux cartes (receveur, portez la demoiselle,
quand il s’agit d’une jolie femme, monsieur le garde forestier n’a point de préjugés,
les orphelins pleurent, de ne pas avoir connu leur papa)
A payé, s’est esquivé et est parti direct au train
Il était déjà tard, le ciel mordoré
(parfum des couleurs de tébérenthine, bourdonnement des moustiques)
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Le vent claque la porte des chiottes
(à l’aurore, un appartement
dans le petit hôtel au-dessus de la mer,
le cœur lourd)
Mon véritable amour est loin
(ce sera ça à nouveau et juste toi)