Ivan Wernisch la tête sur la table traduit du tchèque par
Transkript
Ivan Wernisch la tête sur la table traduit du tchèque par
Ivan Wernisch la tête sur la table traduit du tchèque par Virginie Béjot Au diable ! dit, Whistlewick subitement. Regardez-moi cette pagode, civière ou je ne sais quoi, que ces gars ont posée là, dont aucun d’entre eux n’est près! Joseph Sheridan Le Fanu, Chambre de l’auberge du Dragon Volant Vůně deště Vůně deště je vůně hliny A vůně listi a stromove kůry, a vůně travy, Když voni dešť, voni Cihly, vapno, dehet Voni hadry, voni kůže Jdi ven, projdi se městem, zamiluj se No tak. Umi to přece každej L’odeur de la pluie L’odeur de la pluie est l’odeur de l’argile Et l’odeur du feuillage et des ecorces, et l’odeur de l’herbe, Quand ca sent bon la pluie, ca sent La brique, la chaux, le goudron Ca sent la nippe, ca sent la peau Vas dehors, traverse la ville, tombe amoureux Allons. Tout le monde sait faire ca ---------------------------------------------------- S křikem se vraceji S křikem se vraceji Špačci, co před chvili letěli k parku Vyšel čišnik, opira o zeď tabuli Dnes gulašek Slyšet, jak se hoste bavi Vlak brzdi, zuby trnou Sluničko přijemně hřeje Domaci lide se směji tiše Kuchař naplival do polevky, Teď za pootevřenymi dveřmi Cely bily Kouka, jak to chutna Čišnik ma ruce v kapsach, Na rtu cigarko Nedloubej se v nose, Vypichneš si oko, Pravi otec a rozhledne se kolem Mrtvola za nadražnim bufetem Drži igelitku, nechce ji nikomu dat Nůž ma střenku obalenou hadrem Toho člověka tu předtim nikdo neviděl Co ty ptaky vyděsilo Řikal jsem nedloubej Muž na lavičce jistě někam spěcha Co chvili prohliži sve naramkove hodinky A ještě natahne nohy, přivře oči Nad střechou gymnazia průsvitny měsic, Skoro ho vidět neni V dětskem kočarku drncaji lahve V te tašce je všecko, co na světě mam Ils rentrent en criant Ils rentrent en criant Les etourneaux, qui juste avant volaient au parc Le serveur sort, il appuie l’ardoise contre le mur Aujourd’hui goulasch delicieux On peut entendre, comme les clients s’amusent Le train freine, les dents grincent Le soleil chauffe agreablement Les gens du coin sourient en silence Le cuisinier a crache dans la soupe, Maintenant par la porte entrouverte Tout blanc Il regarde si c’est bon Le serveur a les mains dans les poches Une cigarette aux levres Ne te decrotte pas le nez, Tu vas te crever l’oeil, Dit le pere et il regarde tout autour Le cadavre derriere le buffet de la gare Tient un sac en plastique, il ne veut le donner a personne Le manche du couteau est emballe dans un chiffon Cet homme personne ne l’a vu ici auparavant Qu’est-ce qui a epouvante ces oiseaux J’ai dit ne te le decrotte pas L’homme sur le banc se presse certainement quelque part A chaque instant il regarde sa montre Et etire encore les jambes, les yeux mi-clos La lune transparente au-dessus du toit, On ne la voit presque pas Dans une poussette des bouteilles tintent Dans ce sac il y a tout ce que j’ai au monde --------------------------------------------------------- Červanky Do stinu stromů vešel můj stin Měl vysokou čepici Ohledl jsem se za hlasem ženy Je otevřeno Muži tam sedi, piji napoj znalců Nikdo nezvedl zrak Chrstla na chodnik špinu Ruda se měni v růžovou Dlouhe stiny se lamou o zeď Ježiš naše spasa Karas je vůl Greta de s každym Byl sem tady a vratim se zase Zuza Kolačkova miluje Standu V letě chladi, v zimě hřeje Slyši na jmeno Pucina Povězte o tom přatelům a znamym Volej, můžeš i v noci ≈ ≈ ≈ V mem domě přibyva schodů Lepši by bylo nevychazet Anebo nevracet se Dnes musim vystoupat zas o něco vyš Brzo budu v nebi L’aurore Mon ombre est entree dans l’ombre des arbres Elle avait un grand chapeau Je me retournai au son d’une voix de femme C’est ouvert Les hommes assis la boivent une boisson de connaisseurs Personne ne leva les yeux Sur le trottoir elle jeta le bac d’eau sale Le rouge se change en rose De longues ombres viennent se briser contre les murs Jesus notre salut Karas est un con Greta sort avec n’importe qui J’etais la et j’y reviendrai Zuza Kolačkova aime Standa En ete elle rafraichit, en hiver elle rechauffe Elle repond au nom de Pucina Dites-le a vos amis et a vos connaissances Appelle, meme pendant la nuit ≈ ≈ ≈ Dans ma maison les marches se multiplient Mieux vaudrait ne pas sortir Ou bien ne pas rentrer Aujourd’hui je dois monter encore plus haut Bientot je serai au ciel ------------------------------------------- Tam dole Lahev od rumu se vrha Ze stolu po hlavě Do šilene hloubky, Ze zoufalstvi, Z bezradnosti Připada si tak prazdna Utika po schodech klubko, Ven z toho domu, Pryč Svět pořad nikde, A ono je menši a menši Dešťova kapka spěcha k zemi, Spěcha a těši se: Snad tam, Tam dole už nebudu sama! La-bas en bas La bouteillle de rhum s’elance De la table la tete la premiere Vers de folles profondeurs Elle desespere, Elle doute Elle se sent si vide Une pelote s’enfuit par les escaliers, A l’exterieur de cette maison, loin Le monde toujours nulle part, Et elle toujours plus petite La goutte de pluie se depeche vers le sol, Se depeche et se rejouit d’avance: Peut-etre que la-bas La-bas en bas je ne serai plus seule! ------------------------------Dřevo Kymacet se před cizim stavenim, Nahližet oknem, Čichat kouř, Zahlednout hořici tvaře Dobry den Přinesl jsem vam trochu ovoce Ale už musim jit Čekaji mě doma Otec Vichr se mnou třese: Ukaž, co ti dali, Cos dostal od cesty Samota, ma mati, Spila mi: Ničemo, poleno, Ty jednou shniješ Du bois Tanguer devant un batiment etranger, Regarder par la fenetre, Humer la fumee, Apercevoir des visages en feu Bonjour Je vous ai apporte un peu de fruits Mais je dois deja m’en aller On m’attend a la maison Le pere Vent me fait trembler: Montre c’qu’ils t’ont donne, Ce qu’ils t’ont donne pour ta peine La solitude, ma mere, Elle m’insulte: peste, vaurien, Tu pourriras un jour --------------------------- To jsem ja Cikanska pisnička Odežeň mraky, podivej se dolů, Koukni My vlasy se blejskaji, když na ně svitiš Prohlidni si mě, jen si mě prohlidni To jsem ja Tady ležim v seně, bože, Jsem krasna, bože C’est moi Chansonnette tsigane Chasse les nuages, regarde en bas, Regarde Mes cheveux s’eclaircissent quand tu les illumines Regarde-moi, regarde-moi donc C’est moi Ici allongee dans le foin, mon dieu, Je suis belle, mon dieu ------------------------------- V době dešťů V době dešťů jsou zde hostince prazdne, Prochazite se zastřešenymi uličkami V některem z těchto kramků Ochutnavate maso divokeho prasete Vařene v kravskem mlece, V jinem psi rybu, Je to had, ktery ma hlavu psa Vitaji vas všude, kam se odhodlate vstoupit Jste jediny cizinec Všichni se hybou, jako by ještě žili Ze dna sklenice se zveda šedožluty kal Usinate celou noc, ne a ne dopit lahev Nevite, jestli jste skutečně spal Hned druhy den dostavate vzkaz Pani de Trommet si přeje s vami mluvit Neznepokojujte se Je to jasnovidka Usadila se v tomto městě již davno, Aby vyčkala vašeho přijezdu Neznepokojujte se Na uvedenou adresu nechoďte, Jistě už neplati Tu pohlednici někdo dlouho nosil v kapse A la saison des pluies A la saison des pluies, les auberges d’ici sont vides, Vous vous promenez sous les ruelles couvertes Dans une de ces petites boutiques Vous goutez de la viande de sanglier Cuisinee au lait de vache, Dans un autre, du poisson chien C’est un serpent qui a une tete de chien Ils vous invitent partout ou vous decidez d’entrer Vous etes le seul etranger Tous bougent comme s’ils etaient encore vivants Du fond du verre s’eleve une lie grisatre Toute la nuit vous tombez de fatigue, vous n’arrivez pas a finir la bouteille Vous ne savez pas si vous avez vraiment dormi Des le deuxieme jour vous recevez un message Madame de Trommet desire s’entretenir avec vous Ne vous inquietez pas C’est une voyante Elle s’est etablie dans cette ville depuis longtemps Afin d’attendre votre arrivee Ne vous inquietez pas N’allez pas a l’adresse indiquee, Elle n’est surement plus valable Cette carte quelqu’un l’a longtemps gardee dans sa poche ------------------------------- Wen-czi prozpěvuje verše Wen-czi prozpěvuje verše, neni to však Muž, ktereho bychom musili chraniti Jen Hui Odpovi vždy přesně tak, jak třeba, ale Vim o něm, že se rad prochazi se zavřenyma očima Czi-kung, jehož prsty se tak drobně pohybuji, ma jednu tvař bledou, druhou červenou, Ching Bun širokym rukavem Ometa stoly, avšak Jeho uklony jsou kratke a prudke Fang, přimy, čestny muž Vyšel za večera z domu Rad stavam na břehu řeky A posloucham paličky tlukouci o kamen Ja, ktery, když jsem byl mlad, rostl jsem U stare tety V dostatku i neokazale skromnosti Wen-Tsi fredonne des vers Wen-Tsi fredonne des vers, il n’est pourtant pas L’ homme que nous devrions proteger Yen Hui, Repond toujours exactement comme il faut, mais Je sais de lui qu’il aime se promener les yeux fermes Tsi-Kung, Dont les doigts bougent si minutieusement, a Une joue pale, l’autre rouge, Tching Bun avec sa large manche Balaie les tables, cependant Ses inclinations sont courtes et virulentes Fang, droit, honnete homme Est sorti de chez lui pendant la soiree J’aime rester debout au bord de la riviere Et j’entends les laveuses tapper la pierre Moi, qui, quand j’etais jeune, ai grandi Chez ma vieille tante Dans l’abondance et dans une modestie sans faste ------------------------------- Misto pro přiběh Dobře činily lokerske uřady: trestaly každeho, kdo vrativ se z ciziny se tazal: Neni nic noveho? Plutarchos Dlažděny přistav zarostly travou Den a noc, den a noc Světlo a tma rychle přebihaji přes nizke domky (плывут oблака, пройдет день) Neomitnute cihly, dřevěne molo Lide, kteři přejdou a nejsou Bedny, pytle, sudy Misto pro přiběh (ein Bajonettstich in Unterleib) V hlavě buši srdce Vzpomeň si kdes byl Vzpomeň si kde jsi ≈ ≈ ≈ Předem meho dopisu přijmi srdečny pozdrav, O Thrasybule Počasi zde jest nestale Včera po cely den pršelo Hnojně dusno se střida s prašnym vedrem V bažinach, ktere hniji hned za městskou zdi, se rodi komaři A lide s tvařemi v kapich Jajteles spadl z židle a zapomněl sve jmeno Nu a to je asi tak všecko Ze zdejšiho měsidla, Co by tě mohlo zajimat P. S. S připojenou zasilkou veršů Si tvůj stůl chvili vystači Un lieu pour une histoire Les fonds de bienfaisance des bureaux Loker: punitions pour chacun, qui au retour de l’etranger s’interrogent: n’y a-t-il rien de nouveau? Plutarque Sur le port dalle l’herbe pousse Jour et nuit, jour et nuit La lumiere et les tenebres passent au ras de basses maisonnettes (плывут oблака, пройдет день)* Des briques sans crepi, le ponton en bois Les gens, qui traversent et ne sont plus Des caisses, des sacs, des tonneaux Un lieu pour une histoire (ein Bajonettsich in Unterleib)** Le coeur palpite dans la tete Rappelle-toi ou tu etais Rappelle-toi ou tu es * dans le ciel les nuages voguent ** la baionnette dans le bas ventre ≈ ≈ ≈ En introduction a ma lettre, je te prie d’agreer mes sinceres salutations, Oh Thrasybulos Le temps ici est instable Hier il a plu toute la journee L’odeur de fumier alterne avec une chaleur poussiereuse Dans les marecages, qui putrifient juste derriere les murs de la ville, naissent les moustiques Et des gens aux visages encapuchonnes Yaiteles est tombe de la chaise et oublia son nom Voila c’est a peu pres tout De la marmite locale, Qui pourrait t’interesser P. S. Ta table devra se contenter un instant De ces quelques vers joints a ma lettreVitr boucha dveřma hajzlu (červanky, apartma --------------------------------------------------------------------- v hotylku nad mořem, srdce až v krku) Ma skutečna laska je daleko (budeš to zase ty) Le vent claque la porte des chiottes (a l’aurore, un appartement dans le petit hotel au-dessus de la mer, le coeur lourd) Mon veritable amour est loin (ce sera ca a nouveau et juste toi) ------------------------------ Ses můj sen Tak, drahoušku, de se ke mně Seš můj sen Jo, řek sem ke mně Teď na chvili zavři hubu Tak zavři tu hubu Nedokažu usnout, dyž sem samJeště mě obejmi ≈ ≈ ≈ Ještě mě obejmi A teď už si dělej, co chceš, je rano Tak co tu teda eště dělaš? Di už do prdele, sračko U okna stoji jeji ditě a diva se za mnou Kdybych tu žil, bylo by take moje? Kdybych tu žil... Citim jen maly zarmutek, slabou vůni, ktera nic A nikoho nepřipomina T’es mon reve Bien, ma chere petite, on va chez moi T’es mon reve Ouais, j’ai dit chez moi Ferme ta gueule pour un instant Bien, ferme-moi cette gueule Je n’arrive pas a m’endormir, quand j’suis seul ≈ ≈ ≈ Embrasse-moi encore Et maintenant fais ce que tu veux, c’est le matin Alors qu’est-ce-que tu fous encore la? Va te faire foutre, merde Son enfant est debout a la fenetre et me suit du regard Si je vivais ici, serait-il le mien? Si je vivais ici... Je sens seulement une petite tristesse, un faible parfum, Qui ne rappelle rien ni personne -------------------------------------- Baseň nalezena v popelu Swinburne Libaje jeji vlas ja Jej splital, rozplital Jim jeji ruce spjal Jak zahrabany květ Mně sladši nebyl sen Sen květů studenych Poesie trouvee dans la cendre Swinburne Embrassant ses cheveux moi Je les nouais, denouais lui en nouais les mains Comme une fleur ensevelie Je n’avais pas de reve plus doux Un reve de fleurs froides ------------------------- Alison Dům na kopci, lustr, housle Umyvadlo, břitva, mydlo, Rezavy klič, černa sluj V černych skalach, v drobnem dešti, V němž se ani list nepohne, Ptaci vřešti nad přivozem, Křiči slovo, je to jmeno Křiči slovo * Do zrcadla zaleza slunce Z taliřů na stole vyletuji mouchy Alison Une maison sur la colline, un lustre, un violon Un lavabo, un rasoir, un savon, Une cle rouillee, une caverne noire Dans les roches noires, dans la bruine, Dans laquelle pas une seule feuille ne bouge, Les oiseaux braillent au-dessus de l’embarcadere, Ils crient un mot, c’est un nom Ils crient un mot * Le soleil se cache dans le miroir Sur la table les mouches s’envolent des ecuelles ---------------------------- Zrcadlo, bicykl, svicen... S kaktusy růže, lotosy, hrstě nočnich tež fial... Jaroslav Vrchlicky Zrcadlo, bicykl, svicen, Kdeco s kdečim dohromady Kaprlata, žizeň, štoudev, Tohle sem, to nechej tady: Housle, deštnik, jaternice, Nože, vidličky i lžice, Peřiny a hodiny a Všude plno žadnejch věci Bedna, kartač, kravsky rohy, To i tohle schovej někam, Dřiv než přijdou povidači, Cos kde našel, seberou ti, Zůstane jen prazdny ticho Ticho, taky třeba takhle: Damske kolo opira se O zrcadlo v předsini, a V koutě poblikava svice Anebo si představ třeba: Daš to všecko do světnice: Na taliři jaternice, Taky zeli, brambory, a Tady stoji lahev piva Tady stoji lahev piva, Hodiny čekaji na zdi, Až se zase pohne čas ------------------------ Le miroir, la bicyclette, le chandelier... Avec les cactus les roses, les lotus, poignees de violettes de nuit pareillement... Jaroslav Vrchlicky Un miroir, une bicyclette, le chandelier, N’importe quoi et n’importe quoi tout ensemble Des capres, la soif, le baquet Celui-la par ici, celui-la laisse le la: Violon, parapluie, andouillette Des couteaux, des fourchettes et meme des cuillers, Des edredons et des horloges et Partout plein de riens Un bahut, un balais, des cornes de vaches, Ca et ca aussi, cache-les quelque part, Avant qu’arrivent les bavards, Ce que tu as trouve on te le prend, Il ne reste qu’un silence vide Le silence, peut-etre aussi comme ca: Un velo pour femme s’appuie Au miroir dans l’entree, et Dans le coin scintille une chandelle Ou bien imagine-toi peut-etre: Tu mets tout dans la chambre: Sur l’assiette l’andouillette, Aussi le chou, les pommes de terre, et Ici une bouteille de biere posee Ici est posee une bouteille de biere, L’horloge attend au mur Qu’a nouveau le temps redemarre ------------------------------------- Polivka Cikanska pisnička Nebe se zatahlo, prši, Přestalo pršet, slunce vylejza V sini na podlaze sedi muž a plače Žena mu utekla! Je to k vzteku, Ale on plače Utekla mi! A teď někde Někomu jinymu vaři polivku Ach jak ta uměla uvařit polivku! To byla polivka! Ach jak ta uměla polivku! La soupe Chanson tsigane Le ciel s’est couvert, il pleut, Il a cesse de pleuvoir, le soleil perce Dans une piece un homme est assis par terre et il pleure Sa femme l’a quitte! C’est rageant, Mais il pleure Elle m’a quitte! Et maintenant quelque part Elle cuisine une soupe pour un autre Ah! comme elle savait cuisiner la soupe! Ca c’etait de la soupe! Ah! comme elle savait faire la soupe! Berceuse La tête de l’ivrogne repose sur la table Les bouteilles se dressent tout autour Les mouches bourdonnent Le soleil s’en va Le jour et la nuit se rencontrent Les bouteilles renversées La tête de l’ivrogne se vautre sur la table Comme oscille le monde L’odeur de la pluie L’odeur de la pluie est l’odeur de l’argile Et l’odeur du feuillage et des écorces, et l’odeur de l’herbe, Quand ça sent bon la pluie, ça sent La brique, la chaux, le goudron Ça sent la nippe, ça sent la peau Vas dehors, traverse la ville, tombe amoureux Allons. Tout le monde sait faire ça Loučovice La lune est partie en balade En cette belle journée ensoleillée Dans l’auberge sur le chemin la machine à sous se taisait Dans la cour bourdonnaient les arbres Du mur le mica brillait De la gare la puanteur du carbure Entre les traverses verdoyaient les pommes Je passai par le trou de la clôture Mon petit chat vint à ma rencontre Le vent parcourait la place Rien, seul le clapotis des pieds nus Toujours là le joyeux bureau de tabac Tout autour les têtes pendues Ces têtes se sont balancées Ces têtes me souriant dans le dos Lorsque j’écartai les bras Et m’envolai Ils rentrent en criant Ils rentrent en criant Les étourneaux, qui juste avant volaient au parc Le serveur sort, il appuie l’ardoise contre le mur Aujourd’hui goulasch délicieux On peut entendre, comme les clients s’amusent Le train freine, les dents grincent Le soleil chauffe agréablement Les gens du coin sourient en silence Le cuisinier a craché dans la soupe, Maintenant par la porte entrouverte Tout blanc Il regarde si c’est bon Le serveur a les mains dans les poches Une cigarette aux lèvres Ne te décrotte pas le nez, Tu vas te crever l’œil, Dit le père et il regarde tout autour Le cadavre derrière le buffet de la gare Tient un sac en plastique, il ne veut le donner à personne Le manche du couteau est emballé dans un chiffon Cet homme personne ne l’a vu ici auparavant Qu’est-ce qui a épouvanté ces oiseaux J’ai dit ne te le décrotte pas L’homme sur le banc se presse certainement quelque part A chaque instant il regarde sa montre Et étire encore les jambes, les yeux mi-clos La lune transparente au-dessus du toit, On ne la voit presque pas Dans une poussette des bouteilles tintent Dans ce sac il y a tout ce que j’ai au monde L’aurore Mon ombre est entrée dans l’ombre des arbres Elle avait un grand chapeau Je me retournai au son d’une voix de femme C’est ouvert Les hommes assis là boivent une boisson de connaisseurs Personne ne leva les yeux Sur le trottoir elle jeta le bac d’eau sale Le rouge se change en rose De longues ombres viennent se briser contre les murs Jésus notre salut Karas est un con Gréta sort avec n’importe qui J’étais là et j’y reviendrai Zuza Koláčková aime Standa En été elle rafraîchit, en hiver elle réchauffe Elle répond au nom de Pucina Dites-le à vos amis et à vos connaissances Appelle, même pendant la nuit °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Dans ma maison les marches se multiplient Mieux vaudrait ne pas sortir Ou bien ne pas rentrer Aujourd’hui je dois monter encore plus haut Bientôt je serai au ciel Qu’est-ce-que c’est, j’ai un drôle de sentiment Comme quand les noix tombent dans la cour A peu près comme Quand par les champs labourés court le lièvre, Sous ses pattes le bruit de l’herbe sèche, La forêt exhale une odeur de tabac Et l’homme commence à ressembler à son grand-père Quelque chose me dit Ne dis plus rien Là-bas en bas La bouteillle de rhum s’élance De la table la tête la première Vers de folles profondeurs Elle désespère, Elle doute Elle se sent si vide Une pelote s’enfuit par les escaliers, A l’extérieur de cette maison, loin Le monde toujours nulle part, Et elle toujours plus petite La goutte de pluie se dépêche vers le sol, Se dépêche et se réjouit d’avance : Peut-être que là-bas Là-bas en bas je ne serai plus seule! Du bois Tanguer devant un bâtiment étranger, Regarder par la fenêtre, Humer la fumée, Apercevoir des visages en feu Bonjour Je vous ai apporté un peu de fruits Mais je dois déjà m’en aller On m’attend à la maison Le père Vent me fait trembler : Montre c’qu’ils t’ont donné, Ce qu’ils t’ont donné pour ta peine La solitude, ma mère, Elle m’insulte : peste, vaurien, Tu pourriras un jour A midi en plein été Deux hommes éreintés par la chaleur Aperçurent un platane qui justement se reposait au bord du chemin, En s’approchant de lui Dans son ombre ils se couchèrent Et s’endormirent En voilà une bonne idée, Se dit le platane remarquant les deux, Moi aussi je vais me mettre au frais Légèrement il s’écarta vers un rocher tout proche, S’appuya contre la pierre froide, Ses racines trempaient dans l’eau qui tombait de la roche, Et se réjouissant Il fredonna un air Que les guêpes lui avaient appris Et mince! Ce que le soleil brûle! On frit à nouveau! Dit l’homme en s’éveillant Mais qu’est-ce que ceci? S’étonna-t-il Tu entends? Tout en secouant son camarade, Et si on fredonnait un air nous aussi, Ainsi avant la nuit nous irons encore plus loin Bien, bien, peut-être faudrait-il se hâter, Se rappela le platane Moi-même j’aurais déjà dû prendre la route, Sinon je n’arriverai pas jusqu’au soir C’est moi Chansonnette tsigane Chasse les nuages, regarde en bas, Regarde Mes cheveux s’éclaircissent quand tu les illumines Regarde- moi, regarde-moi donc C’est moi Ici allongée dans le foin, mon dieu, Je suis belle, mon dieu Midi en ville Je prends une rue Une longue rue, C’est si vide ici, personne nulle part, Pas une personne Nulle part pas même un chien, Personne nulle part, Que des arbres, Ici il n’y a que des arbres, Ça me plaît ici Ça me plaît tant ici Et ici tout à coup Je rencontre une fille, Elle est belle Et veut me lire dans la main Ça non, je dis Et je cache la main dans ma poche Et elle dit Pourquoi t’es comme ça ? Comment ? je demande Si triste, Si effrayé, Si désespéré Dit-elle La fiancée fracasse les pots La fiancée fracasse les pots, La maman pleure, Le papa peste, Le frère se marre, Les copains sifflent devant la maison Laisse tomber, on y va, crient-ils Je les entends bien, Mais ne réponds pas Allongé sur le canapé, J’ai les yeux fermés, Les bras croisés sur la poitrine, Et je m’imagine : Alors ce sera comme ça, Quand je serai dans le cercueil Ma mignonne habite rue de l’amour J’ai écrit un poème sur l’amour Lis-le Ou bien vaut mieux pas Oublie le, C’est juste une blague Et d’ailleurs ce n’est même pas une blague Du ciel tombent de blancs ballons dégonflés Le matelas balancé de la fenêtre Fuse sur la rue A l’intérieur de la maison quelqu’un soupire C’est elle, mon amour Je lui manque Et ça c’est beau Le poème devrait plaire à toute le monde Les poèmes devraient être beaux C’est mieux, quand ils ne le sont pas, Mais ils devraient l’être Oh Oh monsieur le Commandant! j’ai soupiré, pensant plus à Madame la Commandante qu’à son propre mari. P. Albieri Oh monsieur le commandant! J’ai soupiré Praktische Anleitung zur grundlichen Erlernung der Sprache 1. Au-dessus d’arbres touffus volent les oiseaux Derrière la ville ondulent les blés Les rires d’enfants folâtres parviennent du verger Les enfants de l’école jouent aux soldats Dans les allées des foules de gens se dispersent 2. Comment va monsieur votre cher frère ? Il est toujours aussi guilleret, Il parle allemand, Sa voix est virile et mélodieuse 3. Traître! tu dois être pendu Où vas-tu avec ton cheval ? Que fais-tu avec une flamme? Où vas-tu avec ta cape? Comme cette allée est bien droite et longue ! Comme un petit moment pour soi est délicieux ! 4. Mon père est né en Pologne et moi en Bohême Mon grand-père avait des crampes au doigt Je voudrais avoir une relation avec une dame honnête 5. Vous étiez au baptême de votre cousine ? Dans toutes les cages nous avons des oiseaux Alors combien vous avez de chemises ? 6. Maman vint dans ma chambre avec un fusil Et une longue conversation a commencé =) Pourquoi as-tu dévié le cours de ton existence? 7. Dans cette grotte il y a beaucoup de sang Chaque homme a une âme immortelle =) Le bienfait des bons poèmes est considérable. Pose la chaise au pied du lit, et le tirebotte sous le lit. Après le travail raccompagnons notre amie jusqu’à la route. Préviens la maîtresse de maison, afin qu’elle nous prépare un bon dîner. Le bonnet du gars est tombé dans le puit. L’horloge de la tour de l’église n’avance pas bien. A qui sont ces étendards? Apporte-moi un verre d’eau. J’ai déjà été dans toutes les chambres. Le gardien est posté sur la frontière. Que fais-tu avec ces boules? As-tu déjà été à Paris? Maladie légère d’une nuit Maladie légère d’une nuit Jemorspourelle, la ville Montre de poche : bon signe Rivière de perles Jarretelle, puissante cuisse Cuve remplie d’eau pure Voyage en bateau Feu d’artifices Long drapeau, ondoyant Hurlements des chiens depuis la cour A la saison des pluies A la saison des pluies les auberges d’ici sont vides, Vous vous promenez sous les ruelles couvertes Dans une de ces petites boutiques Vous goûtez de la viande de sanglier Cuisinée au lait de vache, Dans un autre, du poisson chien C’est un serpent qui a une tête de chien Ils vous invitent partout où vous décidez d’entrer Vous êtes le seul étranger Tous bougent comme s’ils étaient encore vivants Du fond du verre s’élève une lie grisâtre Toute la nuit vous tombez de fatigue, vous n’arrivez pas à finir la bouteille Vous ne savez pas si vous avez vraiment dormi Dès le deuxième jour vous recevez un message Madame de Trommet désire s’entretenir avec vous Ne vous inquiétez pas C’est une voyante Elle s’est établie dans cette ville depuis longtemps Afin d’attendre votre arrivée Ne vous inquiétez pas N’allez pas à l’adresse indiquée, Elle n’est sûrement plus valable Cette carte quelqu’un l’a longtemps gardée dans sa poche Wen-Tsi fredonne des vers Wen-Tsi fredonne des vers, il n’est pourtant pas L’homme que nous devrions protéger Yen Hui, Répond toujours exactement comme il faut, mais Je sais de lui qu’il aime se promener les yeux fermés Tsi-Kung, Dont les doigts bougent si minutieusement, a Une joue pâle, l’autre rouge, Tching Bun avec sa large manche Balaie les tables, cependant Ses inclinations sont courtes et virulentes Fang, droit, honnête homme Est sorti de chez lui pendant la soirée J’aime rester debout au bord de la rivière Et j’entends les laveuses tapper la pierre Moi, qui, quand j’étais jeune, ai grandi Chez ma vieille tante Dans l’abondance et dans une modestie sans faste Un lieu pour une histoire Les fonds de bienfaisance des bureaux Loker: punitions pour chacun, qui au retour de l’étranger s’interrogent : n’y a-t-il rien de nouveau ? Plutarche Sur le port dallé l’herbe pousse Jour et nuit, jour et nuit La lumière et les ténèbres passent au ras de basses maisonnettes (dans le ciel les nuages voguent) Des briques sans crépi, le ponton en bois Les gens, qui traversent et ne sont plus Des caisses, des sacs, des tonneaux Un lieu pour une histoire (la baïonnette dans le bas ventre) Le cœur palpite dans la tête Rappelle-toi où tu étais Rappelle-toi où tu es Der griff En introduction à ma lettre, je te prie d’agréer mes sincères salutations, Oh Thrasybule Le temps ici est instable Hier il a plu toute la journée L’odeur de fumier alterne avec une chaleur poussiéreuse Dans les marécages, qui putrifient juste derrière les murs de la ville, naissent les moustiques Et des gens aux visages encapuchonnés Yaiteles tomba de la chaise et oublia son nom Voilà c’est à peu près tout De la marmite locale, Qui pourrait t’intéresser P.S. Ta table devra se contenter un instant De ces quelques vers joints à ma lettre Les rimes extra-lucides du chef de train J. Crevasse =) Joli paysage, regarde : je vois une montagne, Un rail, une guérite, une fosse d’aisance Mais où peut bien être notre Horst, wo Ist er, der aimable garçon ? Voyons la jeune fille : elle fauche le trèfle ! Par- dessus deux bornes de verger D’un seul bond il se retrouve là Se jette sur elle par derrière Lui fait de suite un croc-en-jambe Lui arrache déjà sa blouse, sa jupe, Et au même moment- Dieu, Ciel!Un sifflement féroce retentit depuis la gare (A trois heures et demi passe par ici L’express Vienne- Saint-Clou sur Mer) Un emballage de goûter vole jusqu’ici, Une feuille, sur laquelle tout est écrit Nos désirs, nos actes Le vent souffle! Il détruit Un monsieur confus par l’amour ! Il a maintenant attrapé un lourd tuyeau En hauteur l’aéroplane Se dépêche, juste pour être loin Et cette feuille qui sait tout S’envole aussi par-delà les collines Personne ne va la lire Qui s’intéresse à cette fille Et le gars, qui du fait De la rime devait apparaître ? Laissons le poème inachevé Horst est dans un autre pétrin Horst n’a pas commis d’offense On le pendra un autre jour Lisez soigneusement les journeaux Chaque jour les mêmes blablas =) Jules Crevasse - garde des chemins de fer, auteur d’une admirable brochure «Réflexions sur les suicides, les accidents et fins tragiques de l’humanité des temps présents et passés» (Dačice na Moravě 1929) Le voyage en ville comme si déjà je le connaissais « Qu’est-ce donc ? » s’interrogea Harris « Une forêt » répondit Koltar « Allons-nous la traverser? » « Nullement, monsieur, nous la contournerons, et ça très largement . S’il y a des Indiens, ils sont assurément cachés là- bas.» Emilio Salgari, la reine des Champs d’Or Le voyage en ville comme si je le connaissais déjà (bruits venant de l’auberge, moustiques autour de la lampe, depuis l’entrepôt de la gare ça sentait bon la peinture à l’huile) Seul le vent frais rappelait Que je ne suis pas d’ici J’ai dormi à l’hôtel (dès demain je me trouve quelque chose de mieux) Et tôt le matin je me promenais déjà dans les rues Les gens se retournaient à mon passage Lorsque je les saluais comme de vieilles connaissances Je suis passé chez le barbier Afin que l’on voit, qui je suis (je suis originaire de Graz, je réside toutefois à Vienne) A midi au restaurant lu les journaux locaux (ils ont là une scierie, une école forestière, une fabrique de liteaux en bois) Il a commandé tout, ce qu’on mangeait à la table d’à côté Il a fait louange de la cuisine, laissé un pourboire Il a bagnaudé sous les arcades, Contourné la fontaine, il y avait des poissons rouges dedans Dans la rue principale il a observé les vitrines, il a acheté Le silence du colonel Brambl, Il s’est assis dans un parc, a écouté les tourterelles, Puis est parti par d’autres chemins (le livre je l’ai laissé sur le banc) A la fin de la journée à la brasserie près de la gare S'est un instant arrêté jouer aux cartes (receveur, portez la demoiselle, quand il s’agit d’une jolie femme, monsieur le garde forestier n’a point de préjugés, les orphelins pleurent, de ne pas avoir connu leur papa) A payé, s’est esquivé et est parti direct au train Il était déjà tard, le ciel mordoré (parfum des couleurs de tébérenthine, bourdonnement des moustiques) °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Le vent claque la porte des chiottes (à l’aurore, un appartement dans le petit hôtel au-dessus de la mer, le cœur lourd) Mon véritable amour est loin (ce sera ça à nouveau et juste toi)